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Le Musée d’Histoire des Juifs de Pologne ouvre ses portes à Varsovie

Face à l’Histoire, tout est symbole. Le lieu d’abord, le site de l’ancien ghetto de Varsovie, puis l’architecture, une façade en verre ultra moderne déchirée et ondulée. Avec ce musée de près de 13 000 m2, la Pologne souhaite témoigner de la présence millénaire des Juifs sur son territoire, présenter une coexistence  souvent douloureuse mais aussi marquée par un rayonnement culturel. Pendant des siècles la Pologne a en effet accueilli la plus grande diaspora juive du monde mais la question s’est toujours imposée à elle : la Pologne, enfer ou paradis?

A travers huit galeries, l’exposition permanente retrace les grandes étapes, les grandes époques qui ont fait l’histoire juive locale. Des premières traces à « l’Age d’or » des XVI et XVIIe siècles, en passant par les légendes, les cafés littéraires, le commerce et les shtetls. Jusqu’au drame de la Shoah et le retour des rares survivants. Ce riche panorama permet également de mettre à plat la complexité et les contradictions qui ont émaillé la vie de cette communauté qui représentera, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, jusqu’à 10% de la population polonaise.

Car dans ce pays où la tradition catholique est très forte, où l’antisémitisme est encore une réalité profondément ancrée, les Juifs ont joui d’une reconnaissance qu’ils n’avaient pas ailleurs. Un parlement national (Waad Arba Aracot) est créé dès le XVIe siècle, les grands mouvements mystiques hassidim s’y développent, la liberté de commerce permet à certaines familles de bâtir d’immenses fortunes et l’agriculture, pour la majorité, plus pauvre, de s’implanter durablement dans les campagnes. Cette présence incontournable se  retrouve dans toutes les grandes villes, jusqu’à Vilnius, appelée la Jérusalem du Nord.

Dans ce pays où « les bannis souffrent le moins », selon le rabbin Pinchas de Korzec, au XVIIIe, dans cette « Polonia paradisus judeorum », selon l’expression de l’historien Meyer Balaban, mort en 1942, les pogroms sont fréquents. Ils n’empêchent pourtant pas la communauté juive de connaître une démographie galopante. Si on dénombre ainsi 9 000 Juifs à Varsovie en 1861, on en compte 360 000 en 1939 et 3,3 millions à travers le pays. Mais 3 millions seront assassinés pendant la guerre. Aujourd’hui, aucune étude ne permet d’avoir une idée précise du nombre de Juifs polonais, les chiffres variant entre 8 000 et 40 000, sur 38 millions d’habitants. Une certitude toutefois, l’antisémitisme n’a pas disparu, toujours alimenté par des groupes ultranationalistes et ultracatholiques.

L’objectif de ce musée est donc d’éduquer le plus grand nombre en devenant un centre d’animation culturelle. Outre l’exposition permanente, dont le parcours complet sera achevé l’année prochaine, des rencontres théâtrales, cinématographiques, musicales et scientifiques sont déjà au programme. Ouverture des portes le 20 avril 2013.