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Israël

Soldat dans Gaza

« Je sens mauvais et j’ai mal au dos ; mais je suis heureux, je rentre chez moi ce week-end ! ». David a passé ces derniers jours à Gaza.

Sac lourd, équipement, arme, le tout sur le dos des soldats de Tsahal dans le territoire palestinien.

« Quand on est sur le terrain, on ne dort pas vraiment ; quelques heures par-ci, par-là, à même le sol ».

David et ses camarades ne se sont pas changés depuis des jours ; même caleçon, mêmes chaussettes.

« Nous devons garder nos uniformes en permanence ».

Pas de douche non plus pour les soldats lorsqu’ils pénètrent la Bande côtière. Et les toilettes, c’est au milieu des champs.

« Un peu comme des animaux ! Mon odeur est tellement forte qu’elle rend ivre ceux qui s’approchent de moi », plaisante David.

Avec ses camarades, il se trouve entre la frontière et les agglomérations palestiniennes.

« Au milieu des champs, des serres agricoles ; il y a beaucoup de sable, quelques habitations de fortune… et les tunnels bien sur, où s’affairent les équipes d’ingénieurs ».

Les explosions ne cessent dans le ciel qui les surplombe.

« Il y a des explosions sans arrêt, de leur côté, du nôtre. Lors des salves de tirs ennemis, si on peut, on se met derrière un monticule de sable ; autrement, on s’allonge par terre, la tête baissée, contre le sol, sous le casque. C’est effrayant ».

La nuit ne fait pas cesser les chutes d’obus de mortier.

« On est réveillés sans arrêt, on se relaient pour faire les gardes ».

Dans les villes, c’est encore plus dangereux.

« Sur le terrain, on pense beaucoup à sa famille, à ses amis, aux êtres qui nous sont chers ; parce que l’on est en danger. Evidemment, on se concentre sur les opérations, mais parfois, les pensées s’échappent ; notre cerveau fonctionne sans relâche ».

Thon, cornichons, boîtes de conserve, de la nourriture qui ne s’abime pas, c’est ce que mangent les militaires israéliens.

« Ce n’est pas très bon, plutôt huileux, mais c’est ce qu’il y a ».

Et de l’eau en quantité, sous la chaleur de plomb de l’été.

« La semaine dernière, à la frontière, des gens sont venus nous apporter de la nourriture, des gâteaux. Des soldats, des simples citoyens aussi ; c’est vraiment gentil, ça nous réchauffe le cœur ».

Ces âmes généreuses apportent aussi aux gardiens du pays chaussettes et serviettes de bain.

« Ces gens prennent sur eux les risques de se rapprocher de Gaza, pour nous montrer leur soutien et nous souhaiter bonne chance ».

Ils font aussi des photos avec les soldats.

« Ca nous touche beaucoup, on ressent l’unité et la solidarité à travers ces gestes de bienveillance ».

Depuis le théâtre des opérations, les soldats ignorent combien de temps le conflit va encore durer.

« Un cessez-le-feu est annoncé, et soudain les explosions reprennent, on ne comprend pas ».

Vendredi midi, David est dans le bus, en route pour la maison familiale.

« J’ai hâte de dormir dans un vrai lit ; mais ce qui m’a le plus manqué, c’est une douche ! Pour enlever tout ce sable que j’ai sur moi… ».

Dimanche, il retourne dans le sud.

« Oublier cet endroit pour deux jours… »