Demain débute au MAHJ l’expo « Magie : Anges et démons dans la tradition juive ». Des milliers d’années de protection avec ou contre les forces spirituelles qui agissent entre les hommes et les anges, entre les hommes et entre les dieux. Et le judaïsme, comme la plupart des civilisations anciennes n’en manque pas de ces appels et verrous à double tour, alternant en une même figure craintes et espoirs.
De cette expo, on retient avant tout l’immense travail de recherche effectué par les commissaires Gideon Bohak, Anne Hélène Hoog et Dorota Sniezek. Réunissant des pièces de grands musées mais aussi de lieux moins connus ainsi que de particuliers ayant hérité de ces objets protecteurs. Parchemins, colliers, bols, et surtout des objets et symboles insoupçonnables qui protègent ou terrassent, comme vous le verrez en douceur et en couleurs à la fin de l’expo.
Au centre des interprétations se trouvaient les rabbins qui avaient la tache difficile du Yémen à Strasbourg en passant par Tanger et Tunis, de définir ce qui était du ressort de la magie, donc à proscrire et ce qui relevait de la « kabbalah pratique ». De la naissance à la mort, et même au-delà dans le combat des familles pour le devenir de l’âme du défunt, vous trouverez les différentes représentations, savamment exposées sous forme thématique plutôt que chronologique. L’expo permet d’ailleurs de montrer non seulement les liens entre les références surnaturelles ashkénazes et sépharades mais aussi entre les différentes religions.
Au centre des peurs se trouve une femme, Lilith, dont les pouvoirs sont dessinés depuis des millénaires comme on les retrouve sur un bol en terre cuite du VIè siècle. Celle qui menace les hommes par ses charmes, ayant été la première femme d’Adam avant d’être chassée, et surtout qui menace les générations futures. D’où le silence gardé autour du nom du bébé garçon avant la brit-milah. Une influence probablement mésopotamienne. Celle qui ne souhaite pas se soumettre, qui selon la tradition ne veut pas avoir les fesses froides et donc, dit de manière plus directe, être au-dessus de l’homme pendant l’acte sexuel, dans une position « dominante ». Celle qui, incarnée par Miou Miou dans une scène culte de Lily aime-moi désarme Patrick Dewaere. Mais cela n’est que mon interprétation…
Magie : Anges et démons dans la tradition juive. Au MAHJ du 4 mars au 28 juin 2015. 71 rue du Temple, 75003 Paris. De nombreuses conférences et projections accompagnent l’expo. Retrouvez toutes les infos sur www.mahj.org
