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Religion

Judaïsme et homosexualité, la fin du tabou ?

Le 18 mars au Centre Communautaire du MJLF à Beaugrenelle, en dialogue avec Delphine Horvilleur, le célèbre rabbin orthodoxe Steven Greenberg propose une relecture des interdits sexuels du livre du Lévitique, nourrie des textes traditionnels et des interprétations classiques.

 

L’Arche : Constate-t-on une évolution dans la perception de l’homosexualité dans le judaïsme américain ?

Steven Greenberg : Oui, bien entendu. Cette avancée accompagne l’acceptation croissante de l’homosexualité dans l’ensemble de la société américaine. Il ne fait pas de doute que des grandes différences régionales subsistent, mais plus de la moitié des Américains estiment aujourd’hui qu’un couple gay doit bénéficier des mêmes droits qu’un couple hétéro. 37 Etats sur 50 reconnaissent les mariages gays et des discussions se déroulent au niveau de la Cour Suprême afin qu’une loi soit votée pour le courant du mois de juin.

Qu’en est-il des appréciations différentes selon les courants du judaïsme ?

Les mouvements libéraux (composé des Réformés et des Reconstructionnistes) reconnaissent depuis longtemps l’homosexualité. Le mouvement Conservative reconnaît depuis quelques années les mariage entre couples homosexuels et acceptent la présence de rabbins gays. Cela, tout en interdisant l’acte sexuel entre deux hommes., ainsi que la bisexualité à cause du « non-choix ». Les mouvements orthodoxes ont entamé un processus plus long et exigeant de renégociation, lequel est toujours actif. En 1970, les juristes bibliques considéraient l’homosexualité comme diabolique. Puis, cela fut considéré comme un vice humain, une maladie à guérir. Désormais, les rabbins commencent à admettre qu’il s’agit d’une différence ordinaire.

Vous pensez donc que les mouvements orthodoxes sont sur le pont d’accepter officiellement l’homosexualité aux Etats-Unis ?

Toutes les cultures religieuses ont des ressources en leur sein qui permettent de garantir une stabilité tout en se confrontant aux nouvelles exigences culturelles et aux défis moraux. Sinon, elles ne survivraient pas. La question profonde est de savoir quelle est le taux de capacité d’autocritique. S’il y a assez d’honèteté, de patience, face à l’incertitude, s’il y a assez de pression de la part de juifs gays qui désirent rester à l’intérieur du monde religieux afin d’encourager les dirigeants à répondre aux questions sérieuses qui sont posées.

Il y a toutes sortes d’options herméneutiques concernant l’approche de l’apparent rejet par la Bible de l’union entre deux hommes. Le simple fait que les relations lesbiennes ne soient pas mentionnées est la clé qui permet de trouver une solution. Il y a quelque chose d’unique concernant l’acte sexuel anal entre deux hommes qui semble poser un problème. Mais de quel problème parle-t-on en fait ? De nombreuses logiques bien différentes ont été présentées depuis 2000 ans afin d’expliquer cette prohibition… et c’est ce dont je veux parler ce mercredi soir.

Mercredi 18 mars à 20h30 au MJLF Beaugrenelle, 11 rue Gaston-de-Cavaillet, 75015 Paris. Tel : 01 44 37 48 48