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Cinéma

La thérapie du bonheur

Le film La Thérapie du Bonheur est une plongée relativement courte (1h17) dans l’univers du professeur en psychiatrie, psychothérapeute, essayiste et romancier américain Irvin Yalom.

Le film appréhende habilement à la fois l’homme et son message de résilience. La réalisatrice dresse le portrait honnête d’un chercheur passionné et d’un mari et père de famille en quête d’harmonie.
Les plans de nature et d’océan sont savamment juxtaposés aux discours thématiques ou aux scènes de la vie quotidienne. Ce choix permet aux mots de mieux nous imprégner et de prendre tout leur poids lorsque surgissent de belles images s’apparentant parfois au rêve. Le bruit des vagues ou des profondeurs marines ajoute de la sérérité et nous invite au voyage initiatique qu’inscite le travail de Yalom. Travail d’une vie, qu’il a lui-méme entrepris en réponse à des rapports familiaux difficiles.
Nous sommes comblés de citations en tous genres et ne pouvons qu’admirer la force du lien qui unit le couple que forme Yalom avec son épouse. De plus, le petit havre de paix que nous donne à voir la réalisatrice est évidemment enviable, tantôt un mat provencal du sud de la France, tantôt un séminaire « Plongée-écriture » à Hawaï.
Nous découvrons un homme sympathique et dévoué à ses patients. Le film donne envie de mieux connaître l’oeuvre de Yalom qui, en réalité, n’est que touchée du doigt dans le film.
Effectivement, les vidéos de reconstitution de thérapie de groupe, dont il semblerait qu’il ait fortement encouragé la pratique aux Etats-Unis, nous montrent des séances sommes toutes banales.
Ce que Yalom revendique à plusieurs reprises est son engagement quasi-empathique vis-à-vis du patient, où la rassurance verbale de sa psychothérapie s’oppose aux silences prolongés d’une psychanalyse, par exemple, de type Lacanienne. Il revient sur sa propre psychanalyse, à ses débuts, et les neuf-cents heures de « gâchis » qui lui ont fait comprendre que la psychanalyse conventionnelle ne lui avaient été, en rien, bénéfiques.
Sur le tard il comprend que le roman sera un support idéal par lequel il pourra atteindre plus de gens et mieux illustrer les mécanismes de la pensée au travers de ses personnages. Après tout il voue une véritable admiration, et ce depuis l’adolescence, pour Tolstoï et Dostoïevski.
Yalom aborde l’importance que joue la peur de la mort sur les vivants, accentuée chez les individus orphelins, qui n’ont plus de parent qui les sépare de la tombe. Il parle aussi de briser le cercle. Ce cercle vicieux, de maux en tous genres, qui nous sont transmis par nos parents et que nous transmettons, malgré-nous, à notre tour.
Il reprend ainsi le fameux précepte du « Connais-toi toi-même » de Socrate.
Doux et enchanteur d’optimisme à l’égard du genre humain, ce document nous enseigne que tout porte à croire que le bonheur existe et que ses clés sont en notre for-intérieur. La psychothéraphie (avec le bon thérapeute !), conjuguée à une réelle volonté d’introspection, en serait-elle une des voies majeures ?
En tous les cas, Yalom l’homme et la force de l’amour qui se dégage de son couple, en sont un bon exemple, du bonheur et de l’harmonie. Cela ne les a pas empêché d’engendrer quatre enfants, pour quatre divorces… Pas de recette miracle ?