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Littérature

Un poisson pas comme les autres

Nous sommes à Paris, en juillet 1942. Le petit Max va bientôt avoir 8 ans. C’est le meilleur élève de sa classe. Il reçoit comme prix d’excellence un poisson qu’il nomme Auguste.  A la maison, Max entend ses parents parler de la Rafle constamment.

Un climat de peur s’installe. Max est très inquiet. Depuis peu, il doit porter une étoile jaune. Il doit aussi faire face aux railleries des autres élèves. Malgré toutes ces tensions, il reste habité par la joie de fêter bientôt son huitième anniversaire. Sa soeur Hélène va lui offrir un cadre de pâte à sel. Puis Il y aura aussi le fameux gâteau au chocolat et,
qui sait, peut – être un nouveau poisson offert par ses parents !?
Alors que le monde qui l’entoure devient de plus en plus chaotique et menaçant, Max pourra-t-il continuer de vivre ses rêves d’enfant ?  C’est ce parcours bouleversant que décrit l’ouvrage remarquable de Sophie Adriansen. Nous l’avons d’ailleurs  rencontrée :

Pourquoi avez-vous décidé d’écrire sur le thème de la Shoah ?

Sophie Adriansen : « Il y a quelques années, j’ai été amenée à travailler avec Hélène Schmeidler, une femme qui a échappé à la Rafle. Elle voulait raconter ses souvenirs pour sa famille uniquement. On a donc travaillé ensemble pendant quelques mois. J’ai été son miroir, je l’ai aidée à mettre en forme ce qui lui est arrivé. C’était en 2011 ; durant 4 mois, j’ai été immergée dans son histoire personnelle, et dans celle de toute sa famille. On a partagé beaucoup de choses ensemble ; j’ai eu accès à de nombreux documents d’époque et photographies qui m’ont plongée dans son passé. On a partagé aussi sa vision de jeune femme d’une autre époque qui a grandi avant, pendant et après la guerre. Ça allait au-delà du simple travail durant toute notre collaboration. Pendant longtemps, j’ai été habitée par cette histoire, par ces souvenirs dont certains étaient violents et choquants. J’ai vraiment été en contact avec l’Histoire, alors que je ne connaissais de cette époque que ce qui était raconté dans mes livres scolaires. En fait, à l’école on apprend l’existence des camps d’extermination en même temps que la déportation. Il faut savoir qu’à l’époque, les enfants ne savaient rien ni de la déportation, ni de ce qui allait leur arriver. Les adultes ont commencé à le savoir petit à petit après l’ouverture des premiers camps et encore… En juillet 1942, beaucoup d’adultes ignoraient l’existence de ces derniers, parce que la communication ne se faisait pas de la même manière. Ça dépendait de ce qu’on lisait comme type de presse, ça dépendait aussi des réseaux auxquels on appartenait. Les événements étaient vécus au jour le jour. C’est quelque chose que j’ai retranscrit en tout cas dans Max et les poissons. J’ai essayé de me débarrasser de ce que nous, adultes, savons aujourd’hui pour écrire ce livre.

 

Qu’est-ce qui vous a inspiré pour écrire ce livre ?

Sophie Adriansen : Max et les poissons est le produit de plusieurs choses, à commencer par ma propre enfance. Je viens d’une famille catholique d’un côté et profondément athée de l’autre. Je n’ai pas de religion. Et puis l’histoire d’Hélène avec sa vision personnelle de la guerre, m’a énormément inspirée. C’est aussi le produit de mon ressenti face à l’injustice subie par les Juifs durant cette guerre. Un peu avant la sortie du livre, en janvier, je suis allée dans les camps de concentration d’Auschwitz  et de Birkenau avec mon compagnon. J’en ai d’ailleurs fait le récit sur mon blog. Cela a été un tel choc émotionnel que je n’ai pas pu en parler pendant une semaine entière. Je suis actuellement en train d’écrire un autre livre pour les enfants sur la Shoah. Cette fois-ci, c’est une héroïne et elle est plus âgée que Max. Le livre s’adressera donc aux adolescents. Je veux continuer d’écrire sur ce sujet, car j’ai encore beaucoup à dire et il est capital de ne pas oublier.

Son blog : http://actualitte.com/blog/sophielit/

Quelques mots sur Auschwitz :   http://actualitte.com/blog/sophielit/2015/01/28/auschwitz-20-01-2015/