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Arts

Mohamed Ali et le judaïsme : l’amour-haine

Parmi les nombreuses allocutions tenues aux funérailles du monstre sacré de la boxe, celle du rabbin Michaël Lerner a été particulièrement ovationnée. L’occasion de revenir sur la relation faite de hauts et de bas, qu’a entretenue la légende sportive avec le judaïsme.

Invité par la famille aux funérailles de Mohamed Ali star qui ont eu lieu hier soir, le Rabbin Lerner a participé à l’oraison funèbre de la star et a salué la légende du sport qui s’est éteinte le 3 juin dernier, à 74 ans. Ensemble, ils avaient milité contre la guerre au Vietnam et bien que leurs liens étaient depuis distendus, ils gardaient un attachement profond l’un envers l’autre.

Une présence qui en a surpris plus d’un, car la relation qu’a entretenue Mohamed Ali avec Israël et les juifs est loin d’être d’un seul tenant. Lui qui s’était converti à l’Islam dans les années 60, abandonnant Cassius Clay son nom de naissance, pour Mohamed Ali, a tenu des discours d’une violence extrême à l’égard d’Israël, tout en étant très proche de nombreux juifs. Sa première allocution au sujet d’Israël, la plus terrible aussi, est rapportée sous la plume de Uzi Dan, dans Ha’Aretz. « Les Etats-Unis sont le bastion du sionisme et de l’impérialisme. En mon nom et au nom de tous les musulmans américains, j’affirme mon soutien à la lutte des Palestiniens pour libérer leur patrie et expulser les envahisseurs sionistes » a ainsi déclaré la légende du sport. Ces discours complotistes et antisionistes se sont d’ailleurs renouvelé au cours d’une visite en Inde quelques années plus tard, où la star avait déclaré dans une interview: « Vous savez que la structure du pouvoir global est sioniste. Ils contrôlent l’Amérique ; ils contrôlent le monde ». Des mots que la communauté juive avait eu beaucoup de mal à avaler.

Pourtant lors de l’affaire Daniel Pearl, en janvier 2002, lorsque le journaliste a été enlevé par les islamistes pakistanais, Mohamed Ali s’était engagé publiquement pour sa libération et n’avait pas hésité à publier un communiqué, demandant aux ravisseurs de faire preuve de compassion. «Traitez-le comme vous voudriez que tous les musulmans soient traités par les autres » avait-il supplié. « Daniel ne doit pas devenir une nouvelle victime du conflit en cours. Ma prière la plus sincère est que Daniel Pearl soit autorisé à rentrer en toute sécurité dans sa famille. Puisse Allah avoir pitié de nous tous ». Mais malgré son engagement, le journaliste avait été décapité par les extrémistes, ce qui avait plongé l’Amérique dans la stupeur. Ali avait participé aux funérailles.

De même, dans sa vie personnelle et professionnelle, la légende de la boxe était proche de nombreux juifs. Son entraîneur, qui était aussi l’un de ses plus grands amis, Drew Bundini Brown, était juif. Sa propre fille Khalia, a épousé Spencer Wertheimer, un juif. Et en 2012, lorsque son petit fils, Jacob, a décidé d’embrasser le judaïsme et de faire sa bar-mitsva, Ali a soutenu l’itinéraire de conversion de son petit-fils et a assisté à la cérémonie dans une synagogue de Philadelphie.

https://www.youtube.com/watch?v=Cza0IY1h6VI