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France

Robert Badinter, le dernier Européen

« Les pays européens ont un destin commun, mais ils ne le savent pas. Moi, je suis un Européen convaincu, un Français européen, et les deux sont pour moi indissociables », dit le sénateur des Hauts-de-Seine.

 

Il est entouré de journalistes, au milieu d’une immense table, au restaurant du Sénat. À 88 ans, il conserve une silhouette d’acteur américain, mélange d’Henry Fonda et d’Anthony Perkins. Il commence par parler d’une voix basse, qui va prendre du volume assez vite. Autant la poignée de main est frêle, autant à mesure de l’avancée du déjeuner, il retrouve sa voix, sa verve et un ton de confidence amusée. La presse est autour de lui et il est content. Il ronronne au milieu d’une faune qu’il connaît bien.

« La grande supériorité du Sénat sur l’Assemblée nationale, ce sont les fauteuils. » L’observation est incontestable. L’assistance sourit, et le voilà parti sur une interrogation historique qui manifestement le titille. Qu’ont-ils fait du Reichstag après l’avoir brûlé ? Qu’ont-ils fait du mobilier, de tout ce qui se trouvait à l’intérieur ? Il n’y a personne autour de la table pour renseigner sur ce point précis le sénateur des Hauts-de-Seine. Alberto Toscano, organisateur du déjeuner, l’a voulu axé sur l’Europe. Il lance tout de go notre hôte sur un thème qui lui tient à cœur : Qu’est-ce que l’identité nationale, en Europe, au XXIe siècle ?

L’inquiétude d’abord. Nous sommes à quelques semaines du fameux « Brexit » et l’ancien président du Conseil constitutionnel estime qu’une Europe sans le Royaume-Uni se réduirait comme une peau de chagrin. C’est plus important que la question des migrants à ses yeux. « Ce serait une défaite pour ma génération ! »

À ceux qui ne sont pas loin de penser qu’on peut crier « bon débarras ! » à l’Angleterre, il rétorque : « C’est comme quand une femme vous quitte, vous avez toujours tendance à penser qu’elle n’était pas si bien que cela ! »

La situation en France ? L’essor du Front national, les dégâts de la loi El Khomri, l’identité européenne en panne… ? Sur tous ces sujets, anciens et nouveaux, l’homme porte un regard critique. Non, les idées de Mme Le Pen ne sont pas

Retrouvez la suite de l’article dans le numéro de juillet de l’Arche magazine.