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Hautes turbulences

Étrange comme le conflit israélo-palestinien a disparu des radars. Tout se passe comme s’il n’intéressait plus personne. Y compris dans les pays arabes, la question palestinienne est reléguée aux marges, sinon aux oubliettes. Il y a seulement un an, tout le monde voulait mettre son grain de sel, Obama, Fabius, l’Europe, l’ONU, les Saoudiens… On appelait de ses vœux une conférence internationale. Paris se proposait de l’organiser. L’Égypte offrait ses bons offices. Et puis tout d’un coup, le monde s’est lassé. Tout est devenu plus compliqué.

Nous préparons un Hors-Série de l’Arche sur le thème « Géostratégie d’Israël au Proche-Orient » où il apparaîtra combien les lignes de force ont changé. C’est désormais une nouvelle donne dans un Orient plus violent, plus dur, plus agité, et où désormais il est difficile de prévoir ce qui nous attend. En Syrie, Daesh est l’ennemi de Bachar El Assad qui est l’ennemi des rebelles qui combattent sur les deux fronts. Vous avez les Kurdes qui sont les alliés de la coalition et qui sont bombardés par les Turcs lesquels sont membres de cette même coalition. La Turquie déploie des soldats à sa frontière pour s’opposer à Daesh, mais aussi pour mener des actions contre les Kurdes qui eux-mêmes affrontent l’État islamique avec le soutien de la coalition. On nous explique qu’il faut soutenir Poutine contre Daesh tout en remettant en cause ses positions sur l’Ukraine et sur la Crimée. Il nous faut défendre Erdogan parce qu’il accepte de recevoir des réfugiés dont nous ne voulons pas, tout en critiquant l’instauration de la peine de mort et les bannissements de fonctionnaires et de journalistes dans ce pays. Il faut appuyer Bachar El Assad contre les islamistes tout en désapprouvant la répression sévère qu’il exerce contre son propre peuple.

Rarement l’époque aura offert le spectacle d’un monde en plein ébranlement, un monde où on a rarement vu autant de repères en si peu de temps se brouiller autant. Et allez savoir, après cela, si ce n’est justement pas au moment où le conflit israélo-palestinien est abandonné par toutes les puissances extérieures qu’il aurait le plus de chances de trouver un accord !