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Israël

Incendies en Israël : qui est coupable ?

Plusieurs jours durant, les feux de forêt se sont propagés en divers endroits du pays, dans les régions de Haïfa, de la Galilée, de Jérusalem.

 

En Israël, les derniers jours de novembre, de nombreux feux de forêt se sont propagés sur le territoire. Les pompiers et les forces de sécurité sont rapidement arrivés à soupçonner l’origine criminelle de certains foyers de flammes. Deux semaines après la fin du sinistre, la police israélienne poursuit ses investigations.

Pendant huit jours, à compter du 22 novembre dernier, des incendies ont fait rage en plusieurs endroits du pays. Les régions de Haïfa, de la Galilée et des montagnes de Jérusalem ont vu des feux de forêt s’allumer simultanément ; les flammes s’invitant jusque dans les villes et villages, entre les habitations.

Contrairement au drame de l’incendie du Carmel, en 2010, où quarante-quatre personnes avaient trouvé la mort, cette année, pas de funeste nouvelle. Quelques dizaines de personnes ont été traitées pour des maux légers dus à l’inhalation de fumée.

Les services des incendies et de sauvetage ont recensé trente-neuf incendies majeurs. Les feux de forêt sont survenus après une longue période sans pluie et une semaine de vents chauds et secs. Mais le nombre élevé d’incendies ainsi que leur simultanéité en des lieux différents ont éveillé le doute : il s’avérait peu probable qu’ils soient tous d’origine naturelle.

 

Ampleur sans précédent

Individus repérés en train de fuir des récents foyers de flammes, combustibles retrouvés sur les lieux par les pompiers, les indices ont dénoncé les pyromanes. La police est parvenue à capturer les images de certains fugitifs en action sur des vidéos de surveillance CCTV.

La police estime, à ce stade des investigations, que plus de la moitié des incendies sont d’origine criminelle. « Nous n’avons pas encore déterminé le nombre exact, les investigations sont encore en cours » affirme Micky Rosenfeld, le porte-parole de la police, poursuivant : « Chaque incendie est étudié séparément ».

La police a arrêté cinquante-huit individus, et en a, à ce jour, relâché quarante. Dix-huit suspects subissent ainsi encore des interrogatoires. Le porte-parole de la police atteste qu’il s’agit d’Arabes d’Israël ou de Judée Samarie. « Ces actes n’ont cependant pas été coordonnés par des cellules terroristes. Il s’agit de démarches sporadiques » détaille-t-il.

Rosenfeld de conclure : « Pour l’heure, la police ne recherche pas de nouveaux suspects. En Galilée, trois individus ayant initié un feu de forêt ont déjà comparu devant la cour d’Acre, et ont admis leurs torts ».

D’après l’Autorité Israélienne de la Nature et des Parcs naturels, c’est plus de deux mille hectares de forêt, de broussaille et de terrain vague qui ont brûlé le mois dernier. Soit presqu’autant qu’au cours de l’incendie du Carmel en 2010 (2 500 hectares). Pour le directeur régional du Fonds national juif (KKL), Hanoch Tzoref, ces feux, se déclarant à la fin de l’automne, sont d’une ampleur sans précédent. Un phénomène nouveau.

 

Changement climatique

« Ceci est dû au changement climatique », affirme Tzoref, ajoutant « les hivers commencent plus tard, les mois de novembre et décembre sont devenus très secs, accompagnés de vents puissants ; la végétation se dessèche et se transforme en matériel hautement inflammable ».

Israël ne constitue d’ailleurs pas le seul pays du bassin méditerranéen à voir les dégâts des feux de forêt s’intensifier. L’Espagne, le Portugal, la Grèce et la France ont récemment fait face à de grands incendies.

Pour les experts israéliens, la situation n’ira qu’en s’empirant. Le chercheur Guy Pe’er, spécialisé dans l’Environnement, avait affirmé, après l’incendie du Carmel, que ce dernier reflétait « un avant-goût du futur ». Une décennie plus tôt, dans le Rapport National d’Israël sur le Changement Climatique, qu’il a coécrit, l’on pouvait lire : « Des fluctuations climatiques, des vents chauds, la diminution des précipitations et des pluies hivernales tardives découleront sur l’augmentation des risques d’intenses feux de forêt ». Cette année en Israël, de fortes pluies ont succédé aux chaudes journées de flammes. L’hiver s’est enfin installé, mais un peu trop tard.