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Yalla, le tajine musical, arrive à l’Espace Rachi le 27 juin !

L’Espace Rachi accueille une comédie musicale qui réussit le pari de traiter de plusieurs tabous, de manière drôle et délicate. Yalla raconte l’histoire de Dany, un jeune juif parisien qui va faire une double révélation à sa famille : qu’il est gay et que son petit ami s’appelle Farid. Rencontre avec l’auteur et metteur en scène Samuel Sebban et les comédiens Jérémy Jochimek et Oualid Latreche.

 

L’Arche : Comment est né ce projet ?

Samuel Sebban : En 2017 le Beit Haverim, l’association Juive LGBT a fêté ses 40 ans ! Pour en faire un quelque chose de mémorable nous avions mis en place un ensemble d’événements répartis dans l’année et autour des 3 axes qui nous définissent: convivialité, identité, citoyenneté.

Célébrer par la fête : un clip vidéo « Les Reines de Pourim », une soirée de gala, un repas de Shabbat inter-religieux et LGBT, l’accueil du World Congress of GLBT Jews… Affirmer ce que nous apportons, le livre retraçant notre évolution « Judaïsme et Homosexualité – 40 ans d’histoire avec le Beit Haverim ».

Afin de clôturer ces festivités Alain Beit (président de l’association) m’a demandé de mettre en place une soirée cabaret. Dans un premier temps, j’ai refusé sa proposition. Puis, je lui ai proposé d’écrire un spectacle sur mesure pour raconter notre histoire, celle qui amène quelqu’un à franchir la porte du Beit Haverim.


Pourquoi le choix d’une comédie musicale ?

Jérémy Jochimek : Parce que la comédie musicale est l’incarnation de l’ADN de la culture juive et LGBT ! Dans comédie, il y a humour, et dans musical, il y a tajine musical ! Pour parler à la place de Samuel Sebban, il y a une volonté de parler de façon décomplexée, en s’amusant de notre culture, que ce soit la culture juive culinaire, ou la culture franco-juive musicale. D’Enrico Macias à l’Eurovision, il y a un mix de références juives et LGBT qui ont en commun ce goût pour la fête, le lâcher prise et l’envie de profiter de l’instant présent ! Broadway est né de la communauté juive et LGBT. Quoi de mieux alors qu’une comédie musicale pour transmettre toutes ces énergies et faire participer le public à la fête ?

Quelles sont les réactions positives qui vous ont le plus surpris ?

Oualid Latreche : Au-delà du public qui nous témoignent ses réactions positives à chaque représentation, les réactions positives qui m’ont surpris sont celles des régisseurs des théâtres dans lesquels nous avons joués. Ni juifs, ni liés à la communauté LGBT, ils ont pourtant été très touchés que ce soit par les thèmes, l’interprétation ou la musique. Cela dit bien l’universalité du message de Yalla!  Leurs avis me touchent d’autant plus qu’ils ont l’habitude de voir de nombreux spectacles passer.

Jérémy Jochimek : Yalla attire un public finalement assez varié ! Des jeunes aux seniors, des personnes de catégories sociales et opinions politiques différentes. On pourrait être tenté de ne vouloir jouer que devant des personnes de nos communautés. Mais Yalla s’adresse à tout le monde ! Alors les réactions positives qui nous touchent sont celles des personnes dont on pourrait soupçonner un certain conservatisme, et qui finalement rient, sont émus aux larmes et viennent nous faire part de leur émotion à la fin du spectacle.

Il y a eu un vrai débat dans l’écriture et la mise en scène sur la façon d’illustrer l’amour entre Farid et Danny. Et, au final – sans vouloir spoiler l’histoire – nous avons opté pour un amour tendre, discret et empreint de pudeur. Pour ma part, j’avais peur que des gays puissent trouver cette pudeur trop timide. Dans la représentation des couples hétérosexuels, on a l’habitude de les voir s’enlacer, s’embrasser sans que cela ne choque personne. Alors pour revenir à la question, ce qui m’a le plus surpris, c’est que des gays nous remercient et aient été touchés spécifiquement par cette pudeur.

Et puis, sur une touche plus personnelle, c’est toujours un immense plaisir de dévoiler mon hétérosexualité aux spectateurs qui me posent la question, et de les voir surpris. La preuve qu’un gay peut jouer un hétéro et vice versa ! On est aussi toujours surpris des personnes qui viennent nous rejoindre sur scène à la fin pour danser avec nous. Quelques secondes avant ils pleuraient, et les voilà déjà en train de danser. N’est-ce pas  ça finalement l’identité juive ?!

 

Est-ce important pour vous de jouer à l’Espace Rachi ?

Samuel Sebban : « Important » n’est pas le bon mot. Jouer un spectacle qui traite des questions LGBT au sein de notre communauté dans un lieu aussi emblématique, c’est juste « énorme ». Mon investissement au sein du Beit Haverim n’est pas de demander une quelconque légitimité à exister au sein de la communauté juive. Qu’on le veuille ou non, nous faisons partie de cette communauté. Diffuser ce spectacle à l’Espace Rachi c’est un peu sortir du placard (encore), et dire simplement qu’on existe. Et plutôt que d’en faire un mélodrame, on en fait une comédie musicale.

Oualid Latreche : Je ne connaissais pas l’Espace Rachi avant que l’équipe de Yalla! me témoigne de l’importance que cette salle a dans la sphère culturelle juive. Je suis d’autant plus touché d’y être accueilli avec ce beau spectacle et de donner de la visibilité au message d’amour et de tolérance porté par Yalla! et le Beit Haverim.

Jérémy Jochimek : C’est extrêmement important ! C’est même crucial ! Yalla n’a pas vocation à rester dans un petit théâtre et à être joué de façon confidentielle. Le projet Yalla est d’apporter au plus grand nombre un message de tolérance et d’amour (et de boulettes !). L’Espace Rachi est un porte-voix extraordinaire dans la communauté et offre une légitimité à Yalla. Il va nous permettre de toucher un public plus large, plus représentatif de l’opinion globale de la communauté juive. Et puis surtout on est soutenu par le Centre d’Art et de Culture de l’Espace Rachi, et c’est important à souligner. Ce n’est pas une location. C’est davantage une invitation. Pourquoi est-ce important ? Parce que cela signifie que l’Espace Rachi prend le parti de s’engager sur la lutte contre l’homophobie dans la communauté juive. C’est un message fort qu’il convient d’apprécier à sa juste valeur. Les lignes sont peut-être en train de bouger malgré les drames qui subsistent toujours dans la communauté. Et Yalla a pour mission de faire bouger ces lignes, avec enthousiasme, rire et bienveillance (et avec du Enrico dans les oreilles) !

Yalla! Ecrit et mis enscène par Samuel Sebban. Avec Noémie Bouskila Bensoussan, Maïka Cordier, Jérémy Jochimek et Oualid Latreche.

Le mercredi 27 juin à 20h30 à l’Espace Rachi. 39 rue Broca, 75005 Paris.

Réservations : 01 42 17 10 36