La commémoration de l’attentat de Pittsburg  |  Israël terre de tourisme !  |  Le monde change. L’Arche aussi. L’édito de Paule-Henriette Lévy  | 
Musique

L’hommage de la petite-fille de Raymond Leyris, commémorant son assassinat le 22 juin 1961 par le FLN

Aujourd’hui, je tiens à rendre un hommage particulier à mon grand-père paternel, Raymond Leyris (zal), lâchement assassiné le 22 juin 1961.

Son assassinat par le FLN marqua le départ massif de la communauté juive constantinoise, et plus globalement algérienne.

Mais qui était Raymond Leyris ?

Maître de la musique arabo-andalouse, il est un symbole de la fraternité judéo-arabe qui s’exprima en musique entre les années 1930 et 1950.

Raymond Leyris est né en 1912, d’un père juif originaire de Batna, la capitale des Aurès et d’une mère française.

Il est abandonné par sa mère, à la suite de la mort de son père sur le front de la Somme, pendant la Première Guerre mondiale, et est adopté par une famille juive pratiquante très pauvre.

Attiré par la musique, il se forme au malouf avec les Cheikhs Omar Chaklab et Abdelkrim Bestandji.

Le malouf est la forme constantinoise de la musique savante issue de la tradition musicale arabo-andalouse. Patrimoine commun aux Musulmans et aux Juifs, le malouf célèbre l’amour courtois.

Devenant progressivement l’égal de ses maîtres de musique , Cheikh Raymond est respecté aussi bien par les Juifs que par les Musulmans d’Algérie, qui l’appellent dès le milieu des années 1930 « Cheikh Raymond » en signe de respect.

Joueur virtuose d’oud (luth arabe), il se produit durant des fêtes familiales, juives ou musulmanes, et dans des concerts ; il bénéficie d’une émission hebdomadaire à la radio et d’une émission régulière à la télévision et enregistre une trentaine de 33 tours entre 1956 et 1961, en plus de nombreux 78 tours.

Mon grand père est assassiné d’une balle dans la nuque, le 22 juin 1961, par le FLN, alors qu’il fait ses courses au souk de Constantine.

Sa mort est perçue comme une rupture définitive qui marque l’impossibilité de rester en Algérie.

La musique de Cheikh Raymond est préservée grâce à l’action de mon père et de son ami le professeur Raphaël Draï (zal) qui, dans les années 1970, est le premier à faire revivre sa mémoire.

Sans oublier le relais de sa mémoire au travers de la musique par son élève Gaston Ghrenassia plus connu sous le pseudonyme d’Enrico Macias.

En 1994, la rencontre avec le talentueux musicien et musicologue Taoufik Bestandji, petit-fils du Cheikh Abdelkrim Bestandji, a permis la sortie de trois CD d’un concert donné en 1954 à l’Université populaire de Constantine.

En 2011, le journaliste Bertrand Dicale publie une magnifique biographie consacrée à mon grand-père : « Cheikh Raymond, une histoire algérienne » que je vous invite vivement à lire. »

 

Alexandra LeyrisAssistante archiviste à la ville de Saint Mandé, Membre de l’association des Gardiens de la Vie. Petite fille de Cheikh Raymond Leyris.