La commémoration de l’attentat de Pittsburg  |  Israël terre de tourisme !  |  Le monde change. L’Arche aussi. L’édito de Paule-Henriette Lévy  | 
Antisémitisme

Les archives secrètes sur la fuite d’Eichmann restent fermées

La décision de la justice allemande a surpris et choqué la presse outre-Rhin. Le 27 juin, la cour administrative fédérale a en effet débouté un journaliste du quotidien Bild qui avait déposé une demande de levée totale du secret qui entoure les archives des services secrets sur la fuite d’Adolf Eichmann en Argentine. La surprise a été d’autant plus grande que c’est grâce à une procédure similaire qu’une levée partielle avait déjà été obtenue. Le dossier serait-il encore particulièrement gênant pour Berlin ? Sur la base des informations obtenues précédemment, Bild avait révélé en janvier 2011 que les services secrets allemands savaient dès 1952 que l’ancien nazi s’était réfugié après guerre en Argentine. Sur une fiche reproduite par le quotidien on pouvait lire que « Eichmann ne se trouve pas en Egypte mais il vit sous le faux nom de Clemens en Argentine ». Ce n’est que huit ans plus tard que le Mossad l’identifiera et l’enlèvera pour le juger à Jérusalem, en 1961.

L’avocat du journal populaire estime « regrettable que le travail sur la jeune République fédérale soit ainsi entravé » et déclare que cette décision ne peut qu’alimenter les spéculations sur les motifs de l’attitude du gouvernement d’alors.  Le président de l’association des journalistes allemands juge lui aussi « regrettable que l’on ne puisse pas apprendre, un demi-siècle après le procès Eichmann, ce qui se trouve dans les dossiers des services secrets fédéraux ». Une absence de transparence qui est également dénoncée par le Conseil central des Juifs d’Allemagne qui la juge « nuisible » pour le pays.

Bild envisage actuellement la possibilité d’un recours devant la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, la plus haute juridiction allemande. C’est désormais la seule possibilité de connaître la vérité sur la fuite et peut-être les soutiens dont a bénéficié après guerre Adolph Eichmann, lieutenant-colonel de la SS en charge des transports vers les camps de la mort et qui joua un rôle actif dans l’élaboration de la solution finale.