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Cinéma

Genèse du film Samba avec Eric Tolédano

Avec leur dernier film Samba, Eric Tolédano et Olivier Nakache, les réalisateurs de Intouchables, ont ouvert le Festival du Cinéma Français à Tel-Aviv. Samba a pour vedette un Sénégalais travaillant en France en situation irrégulière, incarné par Omar Sy. Pour l’Arche, Eric Tolédano donne un éclairage sur le choix du sujet.

Le cas des sans-papiers vous tient-il à cœur pour une raison particulière ?

J’ai toujours réfléchi à l’idée que j’aurais pu me trouver dans ce cas, et le cinéma me permet de me projeter dans cette situation. Le septième art donne accès aux vies que l’on n’a pas eues – mais que l’on aurait pu avoir. Je me suis déjà demandé : qu’aurais-je fait si j’avais été africain, si j’avais habité de l’autre côté ? Aurais-je traversé la mer ? J’avais envie de pénétrer cette vie.

Nous avons également la chance de travailler avec un acteur capable d’interpréter ce rôle, Omar Sy, avec qui nous avons développé une relation très intime.

Le sujet des sans-papiers est en outre révélateur de notre société contemporaine. Il existe cette économie parallèle dans tous les pays.

Comme dans Intouchables, Omar Sy porte le film. C’est la quatrième fois que vous travaillez avec cet acteur. Qu’appréciez-vous chez lui ?

Omar Sy est une personnalité à part ; quelqu’un avec une générosité, un fluide, qui font que quand il est là, les choses se passent bien.

Les gens développent une empathie à son égard. Il possède ces qualités qu’on avait déjà exploitées dans pas mal de films et qu’on a travaillées d’autant plus sur le tournage de Intouchables. Les rôles principaux l’amènent encore plus haut.

Comment vous dire, on est un trio, Olivier, Omar et moi. Il se passe un truc spécial quand on est tous les trois ; il y a une émulation. Ce trio s’apparente à un puzzle, quand on se retrouve, on avance très vite.

Que pensez-vous de la manière dont la société israélienne gère le problème des réfugiés africains ?

Le problème des réfugiés est transnational. C’est un sujet qui circule sur toutes les lèvres ; alors que j’étais en Espagne, ce thème est revenu dans les conversations, idem en Allemagne. En faire un film, cela signifiait trouver un sujet qui parlerait à un vaste public. Avec Intouchables, on a eu la chance d’atteindre de nombreux pays ; on a pensé que Samba parlerait à chaque société qui, en son sein, entretient un rapport avec cette population migrante.

Pensez-vous que, politiquement, il soit possible d’améliorer la condition de ces individus ?

J’ignore si c’est possible, toutefois j’ai la certitude que le cinéma a une force très particulière : il permet de regarder les problèmes sous un autre angle ; à la manière de l’objectif que l’on place différemment afin d’obtenir une autre projection du personnage. La caméra et le cinéma offrent un angle indépendant sur la question.

Une image dans les premières minutes du film illustre bien cette idée : ce gars qui prend sa pause et fume sa cigarette en tenue de travail. C’est la représentation que j’ai des travailleurs immigrés quand je passe à Paris à côté des restaurants – une image que je pourrais retrouver à Tel-Aviv, à New York, ou autre part dans le monde.

Le regard que l’on pose sur ces gens-là n’est jamais très positif. C’est parce qu’on ne connaît pas leur histoire, qu’on ignore leurs origines. C’est précisément cela qu’Olivier et moi, nous avons eu envie de raconter.