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Israël

Renoncer à l’illusion des négociations

En Octobre 2010, L’Arche titrait « Qu’ont-ils à se dire ? Israéliens et Palestiniens : l’art du dialogue dans la rupture ». Le magazine consacrait alors un dossier entier à la question des pourparlers de paix. Partie intégrante de ce dossier, retrouvez ici des extraits d’une tribune de l’universitaire Gadi Taub, parue dans le quotidien Yediot Aharonot le 14 septembre 2010.

Les médias israéliens et la population israélienne ne font pas montre d’un enthousiasme exagéré face à la reprise des négociations directes entre Israël et les Palestiniens. Ils ont raison. Les gens de gauche disent que le gouvernement Netanyahou fera obstacle à n’importe quel accord, et c’est vrai. Les gens de droite disent que les Palestiniens feront obstacle à n’importe quel accord, et nous ferions bien de nous souvenir que cela aussi est vrai.

En fait, beaucoup de gens – depuis les membres de Meretz jusqu’aux membres de Kadima – croient toujours que les Palestiniens signeront très bientôt un accord sur le partage du pays. Après tout, quand les Palestiniens s’expriment à huis clos, ils disent qu’ils regrettent d’avoir rejeté l’offre généreuse que leur avait faite le premier ministre Ehoud Olmert. Mais il ne suffit pas de parler derrière des portes closes. Cela fait 17 ans que les Palestiniens acceptent à huis clos de conclure des accords, et depuis 17 ans ces accords s’évaporent dès que l’on franchit la porte.

Une logique forte

Peut-être l’explication est-elle plus simple. Peut-être n’est-ce pas une coïncidence. Peut-être les Palestiniens savent-ils ce qu’ils font. Peut-être, ainsi qu’ils le disent eux-mêmes, n’ont-ils pas l’intention de renoncer à leur exigence du retour (ils parlent à ce sujet d’un « droit », bien que le droit international ne reconnaisse pas aux réfugiés un

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droit au retour, et certainement pas à leurs descendants). Peut-être n’ont-ils vraiment pas l’intention de renoncer à Jaffa. Peut-être n’est-ce pas une coïncidence s’ils refusent de reconnaître le droit du peuple juif à un État.

Peut-être y a-t-il, derrière tout cela, une logique forte. Parce que s’ils considèrent toujours le sionisme comme une entreprise coloniale ayant envahi leur pays, qui doit en être expulsée et dont l’État doit être détruit, il suffit pour éliminer Israël en tant qu’État juif de refuser de s’en séparer.

Tout ce qu’ils ont à faire est d’empêcher le partage du pays, et d’attendre.

En l’absence de partage, Israël est la seule démocratie occidentale qui dénie à une collectivité humaine dans son ensemble tous les droits politiques, et cela érode de plus en plus son statut. Nos alliés finiront pas nous tourner le dos. Peut-être les Palestiniens comprennent-ils, comme beaucoup d’Israéliens, qu’en l’absence de partage nous vivrons tous dans un seul État où les Juifs seront minoritaires. (…)

Une décision unilatérale

Alors, peut-être devons-nous regarder la réalité en face, et accepter deux données de base. La première est que, contrairement à ce que croient les gens de gauche, les négociations en cours ne sont qu’une nouvelle tentative des obstructionnistes des deux côtés pour gagner du temps. La seconde est que, contrairement à ce que croient les gens de droite, le temps joue en faveur des autres et non pas en notre faveur. Notre statut international est en voie d’érosion, et nous devenons peu à peu une minorité sur la Terre d’Israël.

C’est pourquoi nous ferions bien de renoncer à l’illusion des négociations, et préparer une nouvelle décision unilatérale en Judée-Samarie. Car, s’il n’y a pas de partage du pays, c’est l’existence du sionisme qui est menacée.

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