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Galliano s'excuse

Le styliste, jugé pour insultes antisémites, a avoué sa dépendance à l'alcool et aux médicaments. Le ministère public français a requis contre lui une amende «pas inférieure» à 10.000 euros.

À l'annonce de sa présence à son procès, une foule de curieux et une forêt de caméras venues du monde entier se pressent devant la 17e chambre correctionnelle du palais de justice de Paris. L'excentrique styliste John Galliano, ex-couturier de la maison Dior, est jugé dans deux affaires pour la même accusation: avoir professé des insultes à caractère antisémite, dans un bar branché parisien, à l'encontre de trois personnes, en février puis octobre 2010.

Le profil bas et la mine sombre, il entre dans la salle dans un silence qui contraste soudain avec le brouhaha de l'audience précédente, où l'animateur de télévision Arthur accusait en diffamation l'humoriste Didier Porte. «Ambiance people!», se délecte Mélanie, jeune fashionista venue assister aux audiences dans le public. Premier incident: une des cinq associations antiracistes constituées partie civile réclame le déplacement du garde du corps du couturier vers un autre banc que celui des avocats. Puis John Galliano s'avance à la barre accompagné d'une traductrice en anglais et le second incident survient après quelques échanges sur les faits avec la présidente. «Je ne comprends pas son accent, je suis désolée», s'excuse l'interprète en abandonnant sa tâche. Étourdie, la salle bruisse de commentaires indignés, avant que l'avocat du styliste, Me Aurélien Hamelle, se porte volontaire. John Galliano poursuit, impassible.

«Ça a été l'enfer»

Il ne se souvient de rien. Ni des insultes sur le physique de la première victime, ni des injures raciales sur l'ami de celle-ci, ni des menaces de mort reprochées, pas plus des insultes antisémites déclinées selon «mille variétés», d'après Géraldine, la première victime. Les dépositions font pourtant état de «sale face de Juive», «bâtard d'A

siatique», «je vais te

tuer», qui auraient été répétés à l'envi pendant 45 minutes. «Nous avons eu droit à une litanie d'insultes, gratuitement, juste parce que nous étions dans son voisinage, assis à la table à côté de lui, et que notre présence l'indisposait. Nous étions un défouloir, ça a été l'enfer.» La présidente rappelle que son alcoolémie, contrôlée par les policiers lors de son interpellation, était alors de «1,01 mg par litre d'air expiré»!

Pour sa défense, John Galliano invoque le surmenage, la dépression et l'addiction. «J'ai une triple dépendance à l'alcool, au Valium et aux somnifères, avance-t-il d'une voix basse. Juste après ces événements, j'ai passé deux mois en cure de désintoxication en Arizona, puis en Suisse. Je suis toujours en cours de traitement.» La maison Dior, qui l'employait au moment des faits, est largement évoquée. «J'avais peur d'échouer, j'avais une charge de travail trop lourde, trop de pression.» Son avocat traduit encore: «Il avait des attaques d'angoisse et de panique, il ne pouvait plus aller au travail sans boire et sans prendre de cachets.»

Une vidéo, dévoilée l'an passé par le site Internet du tabloïd britannique The Sun , a par ailleurs été diffusée durant l'audience. Elle montre le styliste, toujours dans le même bar, insulter des personnes assises à côté de lui et leur lancer: «J'adore Hitler.» «Je m'excuse, je suis désolé de ne pas avoir de souvenirs de ces faits car j'ai bien conscience d'avoir causé de l'embarras. Ce sont des opinions que je n'ai jamais eues, commente John Galliano. Cet homme, c'est une coquille vide, ce n'est pas moi.» Son avocat d'ajouter: «Il a d'autant plus combattu les préjugés et l'intolérance toute sa vie qu'il sait personnellement ce qu'est la discrimination, du fait de son homosexualité.»

Mercredi soir, le ministère public français a requis une amende «pas inférieure» à 10.000 euros. Il sera fixé sur son sort le 8 septembre.

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