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Antisémitisme

Affaire Merah : fuites et polémiques

La diffusion par TF1 dimanche dernier des enregistrements audio d’une conversation entre Mohamed Merah et la police relance la polémique.

Face à la colère des familles des victimes, la chaîne s’est justifiée de la valeur « informative » du document mais la justice qui veut comprendre comment cet enregistrement a pu se retrouver entre ses mains et a ouvert une information judiciaire. La Une affirme disposer encore de quatre heures et demie d’enregistrements, aussi l’Inspection Générale de la Police Nationale, la « police des polices », chargée de l’enquête, a tenté mais sans succès de récupérer cette bande auprès de la société de production Eléphant et Cie. Est-ce ce refus, ou d’autres éléments évoqués dans le Canard Enchaîné du 11 juillet faisant état de disfonctionnements aux plus hauts niveaux du ministère de l’Intérieur qui ont fait dire à Manuel Valls : « Je crains que nous ayons à subir encore d’autres images. » ? Le locataire de la place Beauvau, entendu par la Commission des Loi de l’Assemblée, a annoncé que la Commission consultative du secret de la défense nationale serait destinataire des documents classifiés dans cette affaire. Comprendre : lui-même prendra prochainement connaissance de documents classés secret-défense pour dénouer les fils de cette polémique. Des enregistrements, l’avocate algérienne du père de Mohamed Merah dit aussi depuis des mois en avoir de son côté mais vient d’annoncer qu’elle ne les  remettrait pas « pour le moment » à la justice française, sans plus de justification.

Cette polémique intervient dans un contexte particulièrement tendu après une nouvelle agression à caractère antisémite d’un étudiant de l’école Ozar Hatorah (l’établissement attaqué par Merah) dans un train reliant Toulouse à Lyon. Les deux agresseurs présumés ont été mis en examen et placés sous contrôle judiciaire. Alors que leur origine maghrébine ait été officialisée, le grand rabbin de France a une nouvelle fois affirmé que les autorités religieuses musulmanes devaient « récuser publiquement tout ce qui peut rappeler l’intégrisme et la violence que portent certains courants de l’islam ». S’exprimant à l’issue de son entrevue avec François Hollande à l’Elysée, Gilles Bernheim a aussi dit avoir parlé au chef de l’Etat des « propos qu’on entend ici et là, les uns qui tentent de mythifier la personne de Merah, d’autres qui amalgament de manière éhontée ce qui se joue entre Israéliens et Palestiniens, alors qu’en France, la très grande majorité de la communauté musulmane vit en bonne entente avec la communauté juive. »

Combattre l’antisémitisme en général et celui des « jeunes de banlieue » en particulier se fait par différents moyens. Le dialogue restant la voie privilégiée, l’hebdomadaire Le Point a publié cette semaine un entretien croisé entre Richard Prasquier, président du CRIF, et le frère aîné de Mohamed Merah, Abdelghani. L’homme âgé de 35 ans, marié à une femme juive, déclare se battre contre l’antisémitisme depuis dix-huit ans, et que du fait de cet engagement, son autre frère, Kader (mis en examen pour complicité des crimes de Mohamed) avait tenté de le poignarder en 2003. En réponse à Abdelghani qui souhaite manifester sa solidarité et sa compassion aux familles des victimes de son frère, Richard Prasquier déclare : « dans cette tragédie vous êtres un espoir. Vos déclarations montrent qu’il n’y a pas de fatalité du mal ».