Retour sur une rencontre récente avec ce grand poète disparu…
Ouvrage bilingue, Rhymes / Rimes présente 300 photos de Lou Reed et un texte de Bernard Comment, l’œuvre d’un photographe, plus que celle d’une star de la musique.
Grand cliché des années 60-70, on avait l’habitude dans les soirées mondaines et / ou underground de prendre en photo le preneur de photos attitré Andy Warhol. Quelques décennies plus tard, c’est un de ses protégés du Velvet qui publie un magnifique recueil de photos. Lou Reed partage 50 ans d’amour avec son Leica et autres appareils plus sophistiqués. Il raconte d’ailleurs à Bernard Comment qui accompagne cette œuvre de ses mots, que si Dieu existe il est forcément équipé d’un Leica.
Il y a 18 mois, lors d’un dîner à Arles, capitale de la photographie, Bernard Comment propose ce projet à Vera Michalsky, après avoir vu des photos de Lou Reed postées sur son site. Dans son livre, rares sont les personnalités warholiennes qui peuplent les pages, rares même sont les visages. Car le photographe leur préfère les paysages. On peut être surpris par le titre du livre « Rimes ». Il n’y a ni chapitre, ni légende, ni quelconque indication qui se superpose à l’image et à la lumière capturée. Or, Lou Reed déclare qu’il y présente une histoire émotionnelle narrée par les photos.
Trouvant sa vocation d’artiste dans une nouvelle de 10 pages de Delmore Schwartz, Lou Reed rejoindra par la suite Andy Warhol, autour duquel se forme le Velvet Underground. « Je me trouvais au bon endroit, au bon moment, pour aucune raison particulière, juste de la chance. » Le foisonnement créatif musical, pictural… influencera de nombreux artistes. Mais dans les quelques visages capturés dans ce recueil, Lou Reed cherche plutôt à montrer leur aspect curatif et exaltant.
Le Far East chinois étant la nouvelle terre de conquête mondiale, Lou Reed y retrouve de nombreux décors à la John Ford. Quel message y trouver ? « Je n’essaye pas de changer quoi que ce soit ni de dire à autrui comment il doit agir. » Il s’agit juste d’apprécier une grande et belle histoire.
Quant aux commentaires journalistiques sur son livre, il ne s’en préoccupe pas trop depuis qu’il a lu une de ses premières suite à un concert à San Francisco : « Ce critique disait que le problème de défendre l’humoriste Lenny Bruce, c’est que ça vous oblige à défendre Lou Reed. Lenny a fait tomber beaucoup de murs, être donc associé à lui ainsi fut un beau compliment. »