C’était mieux avant, du temps de Billie Holiday ou Boris Vian. De ces artistes qui prenaient les spectateurs pour un tour dans leurs montagnes russes, où les émotions rassurantes et inquiétantes se mêlent pour le plus grand plaisir. Tout ça dans des petites caves de la rive gauche. On ressort les vinyles, on se félicite qu’ils font un timide retour dans les magasins de musique et puis on râle à nouveau, car le prix de ces disques remasterisés ou réédités qui sont tout sauf réduits. L’esprit de Paris et de New York existe-t-il encore dans ces villes transformés en aéroports de transits où tout est permis tant que cela ne dure pas longtemps et que toutes les conditions et contraintes sécuritaires sont respectées ? Artistes, vos papiers ! chantait Ferré. Inutile de se plonger dans une analyse nostalgique et / ou sociologique de l’exode marginale.
Pourquoi ? Car New York et Paris aujourd’hui ont encore des enfants de l’insouciance et des romances suintants les notes de musiques dans des caves qui en ont tellement vu et entendues. Parmi les artistes qui ravissent, on peut admirer le 20 mars prochain Nat Jones. Jazzman émérite, influencé par ses pères, par le blues, la musique yiddish et les grandes voix françaises. Rainbow musical où la maitrise vocale est de rigueur pour ne pas fondre les couleurs dans une macédoine indigeste. Nat Jones nous emmène avec succès et toujours autant de plaisir dans des voyages musicaux insoupçonnables.
Nostalgique des cabarets de la Rive gauche, il vous faudra traverser les ponts qui se trouvent entre le début et la fin du boulevard Saint-Germain, le seul à prendre sa source et se jeter dans la scène comme nota le poète Jeff. Sacrilège qui sera récompensé par la fierté de partager ce que la scène parisienne et new-yorkaise personnifie de plus authentique et chaleureux en la présence de Nat Jones et de ses amis musiciens qui l’accompagnent au fil des envies et des humeurs.