La 25e marche des vivants a rassemblé 10 000 personnes en Pologne lundi dernier. Des lycéens juifs et non juifs, des étudiants et des membres d’associations se sont rendus sur les sites des anciens camps de la mort. Ils ont parcouru les trois kilomètres qui séparent le camp Auschwitz 1 de Birkenau (Auschwitz II). Cette marche était le moment phare de ce voyage international annuel qui s’achève en Israël. Reportage.
Une longue procession sillonne les allées du camp d’Auschwitz 1. Le bleu azur des blousons des participants tranche dans ce paysage sans vie, figé. Tout comme les couleurs des différentes délégations : casquette rouge pour les Marocains, orange pour les Mexicains, blanche pour les Argentins… Les jeunes, enthousiastes s’échangent leurs casquettes. Devant eux, sur différents drapeaux, flotte l’étoile de David du drapeau d’Israël.
Pour cette 25 ème marche des vivants et comme chaque année, les délégations se dirigent vers Birkenau, le plus meurtrier des six camps d’extermination du IIIe Reich. Difficile pour les plus impatients de garder le silence. Ils entonnent gaiement hymnes et chants en hébreu. « Ce n’est pas de circonstance », estime Michel Lévy, président du Fonds social juif unifié d’Alsace. Je suis partisan d’une marche au cours de laquelle les gens se concentrent et réfléchissent. »
Les 10 000 participants défilent progressivement sous le portail « Arbeit macht frei » (le travail rend libre) devenu tristement célèbre. Une fois la marche commencée, le cortège se discipline. « Je suis là car la Shoah ne doit jamais plus se reproduire », déclare Magdalena, une jeune de 19 ans venue d’Autriche. « Être ici nous permet de réaliser ce qu’il s’est passé, c’est différent des livres d’Histoire. » Pour Jack, Juif américain, « tout le monde doit venir visiter Auschwitz, pas seulement les Juifs. »
Arrivés à Birkenau, les participants sont accueillis par les paroles de chansons américaines et israéliennes. Disposés le long du camp, les haut-parleurs surprennent dans ce décor. Puis, vient le temps du recueillement. Chacun des 10 000 participants place ici et là des plaques de bois. Les uns y inscrivent un mot, un convoi. Les autres, le nom d’un grand-père assassiné dans les camps.
Tous suivent ensuite avec émotion la cérémonie internationale. Des chants, le témoignage d’un rescapé, celui de Frank Lowy, puis un message vidéo du président israélien Shimon Péres s’enchaînent. L’allocution de Benny Gantz, le chef d’état major israélien, dont les parents ont survécu à la Shoah, clôt l’événement.
« J’ai fait ce voyage pour être plus précis à l’avenir dans ma retranscription des crimes commis pendant la Shoah« , raconte Jimmy, l’un des 650 participants français, à l’issue de la cérémonie. « J’ai publié des photos sur Facebook. Pour moi ça fait partie intégrante du devoir de mémoire ».