Depuis plusieurs semaines, son image de rabbin philosophe, d’intellectuel rigoureux et de guide moral était mise à mal par des accusations de plagiats et d’usurpation de titre universitaire. Face à l’étonnement, puis aux remous et jusqu’à la polémique qui mena au scandale, Gilles Bernheim a assumé ses responsabilités. Il s’est expliqué, s’est excusé, et a demandé sa « mise en congé » avec effet immédiat pour mettre un terme à une situation devenue intenable, pour lui-même et la communauté juive de France.
Cette décision, prise lors d’un Conseil extraordinaire du Consistoire, a été saluée par son président comme « courageuse », Joël Mergui soulignant aussi « l’autorité et l’apport spirituels considérables » d’un homme qu’il a « remercié pour l’œuvre décisive qui a été la sienne, depuis 2008, au service et pour le rayonnement du judaïsme français ». Une démission également approuvée par le CRIF pour qui Gilles Bernheim « a donné du judaïsme une image de rigueur conceptuelle et d’ouverture sur la cité ». Sa légitimité, il l’avait assise sur son aura de sage philosophe n’hésitant pas à intervenir sur les grands sujets de société et à dialoguer avec les autres religions, incarnant un judaïsme orthodoxe mais ouvert.
C’est par égard pour toutes ses qualités qu’aucun responsable de la communauté juive n’a souhaité l’accabler et que ses volontés ont été respectées. Dans son communiqué, le Grand rabbin souhaitait en effet « que les faits graves qui lui sont reprochés et qui le marquent n’occultent pas l’ensemble des actions menées au titre de ses différentes fonctions rabbiniques ». Fort des liens qu’ils avaient entretenus, le Vatican lui a aussi réaffirmé son estime. Le porte-parole du Saint-Siège assurant que le jugement des autorités de l’Eglise n’avait « pas du tout changé, même après les derniers évènements ». On se souvient que dans son traditionnel et dernier discours de vœux à la Curie, le 21 décembre dernier, Benoît XVI avait longuement cité un texte du rabbin Bernheim pour évoquer la « menace » qui pèse sur la famille, le Pape ayant jugé ce texte « soigneusement documenté et profondément touchant ».
Le Consistoire reconnaît qu’il fait face à « une crise grave » mais selon Joël Mergui « Les Juifs de France n’en sont ni à leurs premières ni à leurs dernières difficultés ». Aujourd’hui aucune date n’est connue pour une future élection et l’intérim, assuré par le Grand rabbin de Paris Michel Gugenheim, pourrait durer au moins six mois, ou un an.