Le grand magistrat s’est éteint le jeudi 18 avril à Paris, à l’âge de 86 ans.
Né le 3 juillet 1926 à Constantine, Pierre Drai a commencé sa carrière comme avocat stagiaire à Alger avant d’être nommé, en 1949, suppléant à Tunis où il restera plusieurs années jusqu’à devenir juge. Après une étape à Grenoble, il est ensuite nommé juge au tribunal de Grande Instance de Paris en 1965, où il fera toute sa carrière comme juge de siège. En 1988, il devient le premier président de la Cour de Cassation, un poste prestigieux qu’il honorera jusqu’en 1996. Durant ces huit années à la tête de la plus haute instance judiciaire de France, Pierre Drai a mis à profit sa capacité de travail, mais aussi son énergie et sa courtoisie pour tenter de réformer cette institution. La rendre plus efficace et ses décisions plus cohérentes.
S’il n’a pu imposer au gouvernement d’alors son projet de filtre des pourvois civils pour limiter l’engorgement chronique de cette juridiction, son autorité morale a permis de tempérer l’agitation qui secoua la Justice à la fin des années 80.Tout en rappelant aux juges le sens de leur mission, il écrivait à Michel Vauzelle, Garde des Sceaux en 1992 : « Laissons les juges juger ». En rien tenté par la vie politique, il fut tout de même conseiller technique au cabinet du ministre de la Justice du deuxième gouvernement Messmer, Jean Taittinger, de 1973 à 1974. Ce fut la seule année de sa vie où il abandonna ses fonctions de magistrat.
Pierre Drai, qui fut également un membre éminent de l’Association internationale des juristes juifs, a été inhumé religieusement au cimetière de Pantin, ce vendredi 19 avril.