Face à la libération d’une inquiétante parole antisémite en Hongrie depuis l’arrivée de Viktor Orban à la tête du gouvernement en 2010 (peu d’agressions mais de fréquentes prises de positions au Parlements avec la percée du parti d’extrême droite Jobbik), le Congrès Juif Mondial a décidé de tenir cette année son assemblée générale à Budapest.
C’est sous la protection d’un important dispositif de sécurité que les 500 participants se sont réunis du 5 au 7 mai. Mais avant même l’ouverture de la première séance, le CJM déclarait dans un communiqué attendre du gouvernement hongrois « des mesures efficaces», et son président, Serge Cwajgenbaum d’insister : « Il faut des lois très sévères [contre les auteurs d’actes antisémites] comme celles qui ont été adoptées récemment en Grèce, où le gouvernement a pris la décision d’interdire las manifestations antisémites et de mettre en garde les députés d’extrême droite qui peuvent perdre leur immunité parlementaire et être assignés en justice. C’est ce type de législation que nous attendons de ce pays ». Un message vraisemblablement entendu par le Premier ministre hongrois qui s’est voulu rassurant en annonçant dans son discours d’ouverture une « tolérance zéro » contre l’antisémitisme.
Si ces propos ont satisfaits le ministre israélien de l’Energie, Sylvan Shalom, présent au congrès, ils ont été appréciés en demi-teinte par le CJM : « Nous saluons le fait que le Premier ministre ait qualifié l’antisémitisme comme inacceptable et intolérable. Mais nous regrettons qu’il n’ait fait aucune référence à quelque incident antisémite ou raciste que ce soit et n’a pas non plus marqué avec clarté la différence entre le gouvernement et la frange d’extrême droite. Les actes sont plus forts que la parole aussi bien intentionnée soit-elle ».
La veille de l’ouverture de l’assemblée générale, le parti Jobbik, qui a obtenu 17% des voix aux législatives de 2010, avait manifesté devant le grand hôtel où se réunissent les délégués du CJM. Plusieurs centaines de personnes venues rendre hommage aux « victimes du sionisme et du bolchévisme » et dénoncer « le complot israélien contre la Hongrie ». Le renforcement des idéologies d’extrême droite est une réalité que souhaite combattre le Congrès Juif Mondial grâce aux différentes stratégies qu’il aura adoptées lors de cette assemblée.