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Antisémitisme

Le Paris musical sous l’occupation à la Cité de la Musique

La Cité de la Musique de Paris propose cette semaine un cycle de concerts pour découvrir un pan méconnu et contrasté de l’histoire de l’occupation allemande : la vie musicale de 1940 à 1944.

 

Comme le souligne Emmanuel Hondré, le directeur de la production à la Cité de la Musique, « Beaucoup de musiciens sont restés dans l’entre-deux, ont eu quelque fois une sorte de résistance passive, parfois sont passés à une forme de coopération plus conciliante, à la différence de l’Allemagne, où les contrastes étaient beaucoup plus violents ». S’il n’y a pas eu comme outre-Rhin de « dictionnaire des musiciens juifs » bannissant leurs œuvres, les musiciens et interprètes juifs ont toutefois été écartés de leurs postes dans les orchestres, les conservatoires et à l’Opéra, dès l’entrée en vigueur des lois raciales de Vichy. Mais le IIIe Reich, soucieux de faire de la France une sorte de « vitrine culturelle » du régime, entretient une propagande qui est, de façon générale, plus subtile que dans les autres pays occupés. Ainsi la Propagandastaffel, le service chargé du contrôle de la vie culturelle, préconise dans un document interne de mettre en valeur la culture allemande « sans être importune ». Les Parisiens ne connaîtront donc pas de grandes soirées musicales instrumentalisant Wagner ou Beethoven, comme ce fut le cas à Berlin.

Il est impossible de cerner un comportement général, une attitude collective des musiciens vis-à-vis de l’occupant. A l’image de leurs carrières, on ne peut voir et juger que des prises de positions individuelles, non sans difficulté. C’est le cas de Francis Poulenc qui participe au comité Cortot, du nom du grand pianiste devenu conseiller technique du gouvernement Pétain, mais qui compose aussi « Figure humaine » sur des textes de Paul Eluard. De même pour le compositeur André Jolivet, dont l’épouse est juive, qui est nommé à la Comédie française en 1941 et qui composera pour la troupe durant toute la guerre.

L’objectif de la Cité de la Musique n’est pas de « recréer des soirées de propagande nazie » comme l’ont accusée certains de ses abonnés, mais bien de témoigner d’une époque très particulière pour la vie artistique. La programmation permet ainsi d’écouter notamment des « chants officiels » dont un « hymne au Maréchal », des chants résistants retranscrits par Paul Arma dans le maquis, ou bien encore des chansons de Céline et le « Quatuor pour la fin du Temps » écrit par Olivier Messiaen en 1941 au Stalag et créé par ses codétenus.

« La musique pendant l’occupation », du 12 au 18 mai. www.citedelamusique.fr