La commémoration de l’attentat de Pittsburg  |  Israël terre de tourisme !  |  Le monde change. L’Arche aussi. L’édito de Paule-Henriette Lévy  | 
Cinéma

France, Terre de promesses

Sur le film Alata de Michael Mayer

1993. Yael Dayan, fille du célèbre général et députée travailliste, subit les foudres de ses collègues à la Knesset lorsqu’elle défend les droits égaux pour les homosexuels. La fin des années 90 verra une accélération fulgurante de l’accès à ces droits, marquée par des combats politiques et un événement festif : la victoire à l’Eurovision 1998 de Dana International. Lors d’une émission radio de Galgalatz, organisée pour la soirée ultime du kitsch musical, un groupe d’humoristes se moque de l’inattendu et de l’inenvisageable. Des paillettes et du risque du ridicule. Israël inclus. Et les blagues sur les homos à l’occasion de la prestation de Dana s’enchainent. Au fur et à mesure que les résultats annoncent une victoire probable de l’Israélienne, les humoristes constatent que leurs blagues cèdent la place à un élan patriotique pour la victoire de Dana ! Eytan Fox et les autres cinéastes pouvaient faire sortir les homosexuels des caves et pissotières grâce à la lumière la plus kitsch et la plus suivie d’Europe. Non, ce n’est pas une allégorie de la caverne de Platon. Ce n’est plus du tout une allégorie. Du brut, du vrai, du simple finalement. Depuis quinze ans, les homosexuels font partie du paysage officiel israélien. C’est peut-être ce qu’il y a de plus intéressant dans le film Alata de Michael Mayer.

Il ne s’agit plus d’une histoire sur l’homosexualité, mais d’un film sur les difficultés quotidiennes d’un couple face aux contextes familiaux et surtout politiques qui semblent plus indépassables que les questions d’orientation sexuelle. La grande prestation de Nicholas Jacob et Michael Aloni nous fait comprendre pourquoi il aura fallu attendre une traversée cinématographique et politique pour mieux accueillir en France la complexité de la situation au Proche-Orient. Brisant une fois de plus les images d’Epinal sur les conflits politiques et sociaux, sur de grands écrans bien plus favorables à l’expression de cette complexité que les petits.