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France

Rencontre avec Joëlle Lezmi, présidente de WIZO France

A l’occasion de la sortie du hors-série de l’Arche sur le parcours des femmes, nous nous sommes interrogés sur l’action de certaines associations qui permettent de lutter contre les inégalités, entre hommes et femmes, mais pas seulement.

 

Quelles sont les actions menées par la Wizo France en Israël ?

WIZO France est l’une des 52 fédérations mondiales. Notre objectif est la collecte de fonds envoyés dans des institutions WIZO en Israël, il y en a 15 pour la France. Parmi ces structures, il y a un lycée professionnel de la seconde chance (qui récupère les enfants sortis du système scolaire israélien de tout le pays) et nous comptons également huit crèches. La crèche est la partie de l’iceberg WIZO la plus connue, car nos institutions ont des fonctionnements très innovants dans le secteur de la petite enfance. Nous avons aussi ce que je nomme « les maisons pour tous » : des centres d’accueil polyvalents destinés à tous âges ou l’on accueille aussi bien des jeunes marginaux que des adultes qui ont besoin d’avoir un encadrement juridique. Nous avons également un centre d’accueil pour famille monoparentale à Jaffa dont le fonctionnement est extraordinaire car le centre reçoit une population mixte judéo-arabo-israélienne. Ainsi deux directrices le dirigent, l’une est arabe, et l’autre juive.

Comment est implantée la WIZO en Israël ?

WIZO est doublement partenaire social du pays. D’une part, nos 800 institutions embauchent 5000 salariés (hommes et femmes) sur place. D’autre part, l’association palie les carences sociales du pays. Nous sommes un véritable acteur en Israël. Nous avons organisé un partenariat avec Microsoft pour former des femmes, à l’issue duquel 3 000 contrats ont été signés et ce à deux reprises. Nous avons également des représentants WIZO avec voix consultatives à la Knesset, qui ne votent pas mais ont leur mot à dire ! Il est important pour nous de rester apolitique car on travaille en direction de la société civile et en accord avec le gouvernement.

Vous diriez que l’association est plutôt sociale ou humanitaire ?

Les deux. C’est un travail social et humanitaire. WIZO assume la charge des enfants défavorisés et est reconnue pour son travail social. Dans nos crèches, beaucoup d’enfants sortent avec un panier repas pour le dîner de toute la famille. Nous sommes un réel partenaire social pour Israël, quand les budgets sociaux sont coupés, on prend le relais. En ce qui concerne l’humanitaire, nous avons été à la pointe de l’accueil des Falachas, ainsi on mène un travail collatéral.

La WIZO a été créée avant l’Etat d’Israël. À l’époque les enjeux étaient différents. La WIZO s’est même présentée aux premières élections à la Knesset en 1949 ! Aujourd’hui, quelles sont les nouvelles missions de l’association ?

Il faut comprendre qu’on retrouve par ailleurs en Israël une population en souffrance avec des disparités économiques et des problèmes sociaux liés à la montée des religieux. Nous menons un travail d’information avec nos adhérentes françaises afin qu’elles apprennent à connaître véritablement le pays. L’héritage de WIZO réside dans un véritable pragmatisme lié à l’engagement profond et à l’envie d’apporter la solution. Il faut maintenir l’enthousiasme des pionnières et des militantes. Au départ WIZO c’était des femmes, qui, sans crèche ne pouvaient pas travailler.

Elles ont créés des crèches puis ont été confrontées à une autre réalité : le manque de formation. Elles ont alors créé un lycée professionnel pour femmes. Aujourd’hui, elles sont par ailleurs engagées pour insérer les jeunes qui désertent et ne veulent pas faire l’armée. 80 à 90 % des gens qui passent par nos institutions vont à l’armée. C’est un véritable indicateur d’intégration en Israël. Ils reviennent même nous voir pour être bénévole après le service. L’esprit WIZO, c’est mettre en place des choses pour que tout devienne possible. D’où notre slogan « WIZO et tout devient possible » !

Vous sentez-vous féministe?

Oui, très ! Mais dans le sens premier du terme. Je ne suis pas pour dire que je suis semblable à l’homme. Je suis la dissemblable, celle qui a les mêmes capacités que l’autre. Je veux montrer que sans bagarre ni antagonisme, la façon dont pensent les femmes n’est pas la même que celle dont pensent les hommes. Mais c’est très bien, nous sommes complémentaires !