Après plusieurs protestations officielles adressées à la directrice du musée du Jeu de Paume et au ministre de la Culture, une véritable vague de contestation, relayée par les réseaux sociaux, prend de l’ampleur. Quitte à frôler parfois les dérapages comme des menaces de mort envoyées à la conservatrice du célèbre musée parisien.
A l’origine de la polémique, l’ouverture le 28 mai dernier de l’exposition Phantom Home (Foyer fantôme) de la photographe palestinienne Ahlam Shibli. Dans une série spécialement conçue pour cette rétrospective et intitulée Death, l’artiste dit souhaiter montrer comment la société palestinienne préserve la mémoire de ses « martyrs », des hommes et des femmes qui se sont fait exploser dans des lieux publics israéliens durant la seconde Intifada. Sur ces images, on peut voir les photos de ces kamikazes encadrées au mur du salon de leur famille ou brandies à bout de bras lors de manifestations dans les rues de Gaza. Pour le Crif et plusieurs associations, ces photos et leurs cartels ne sont rien de plus qu’une apologie du terrorisme et une entreprise de propagande qui doit être interdite et condamnée. La directrice du musée de la place de la Concorde réfute ces accusations en bloc mais, souhaitant rester discrète sur le sujet afin de ne pas alimenter le scandale, précise que les légendes ont été écrites par la photographe et qu’elles font partie intégrante de son œuvre. Ces clichés se voudraient donc choquants pour mieux « questionner » mais ne seraient pas répréhensibles.
On peut également se poser la question de la pertinence de l’engagement d’Ahlam Shibli à la lecture du texte de présentation de son exposition dans lequel la thématique qu’elle traite depuis des années, « la perte du foyer et le combat contre cette perte », est expliquée. Sa démarche serait peut-être claire si ne prenaient place sous cet intitulé, aux côtés des kamikazes palestiniens, les monuments aux morts de la Seconde Guerre mondiale, les homosexuels dans les sociétés orientales et les orphelinats polonais…