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Antisémitisme

Le « Schindler » italien était un collaborateur nazi

Tout sauf un héros. Des chercheurs du Centre Primo Lévi de New York ont révélé que Giovanni Palatucci, surnommé le « Schindler » italien, n’était autre qu’un réel collaborateur nazi ayant contribué à la déportation de centaines de Juifs. Pourtant, cet homme mort à Dachau en février 1945 était honoré du titre de Juste parmi les Nations par Yad Vashem depuis 1990 et déclaré Martyr par le pape Jean-Paul II, première étape vers la béatification.

Giovanni Palatucci était reconnu, jusqu’au 7 juin dernier, comme étant le sauveur des 5000 Juifs de sa ville de Fiume, entre 1940 et 1944. Il n’en est rien, bien au contraire. Selon une étude menée par une douzaine de spécialistes qui ont épluché pendant plusieurs années près d’un millier de documents, l’homme n’a jamais été le chef de la police de Fiume, comme cela était communément reconnu, il n’y avait pas 5000 Juifs dans cette ville mais à peine plus de 500 dont 80% furent déportés à Auschwitz. « C’était un exécuteur enthousiaste de la loi raciale, décrit le Centre Primo Lévi, et après avoir prêté serment à la République sociale de Mussolini, il a collaboré avec les Nazis. C’était l’un des nombreux employés du gouvernement qui travaillait dans la machine de persécution. » On apprend ainsi que loin de sauver des vies, Palatucci  a fourni des informations sur les Juifs vivant dans son secteur pour faciliter leur arrestation et qu’il n’a pas non plus envoyé des centaines de Juifs à Campana pour qu’ils soient sauvés par son oncle, l’évêque de la ville. S’il est vrai qu’une quarantaine d’entre eux furent sauvés par l’homme d’église, cela n’est absolument pas du à son neveu.

C’est donc la fin d’un mythe qui mettra cependant du temps à être corrigé puisque Giovanni Palatucci est célébré dans toute l’Italie par des places, des rues et des promenades, dont la dernière a été inaugurée début juin. En mai 2005 la Ligue anti diffamation, basée à New York, lui avait également décerné un prix spécial. L’ADL n’a pas encore réagi officiellement, tout comme l’institut Yad Vachem. Aujourd’hui, seul le musée de la Shoah de Washington a annoncé que son nom avait été retiré de son site internet, tout comme l’évocation de son « action » dans une exposition qu’il présente actuellement.