David Bowie et Ric Ocasek sont sur un bateau. Prochaine escale, le largage de leur gosse sur la plage : The Aikiu. Cet été, on les déjà vu au Grand journal et au Parc floral. Du plastique, quelques néons et moments féeriques sont la promesse du disque d’Aikiu : Ghost Youth. Et avant d’en profiter, il faut le mériter. A savoir ne pas trop passer pour un imbécile auprès de votre disquaire. Ne pas prononcer le nom du groupe comme les fameux vers japonais, mais comme le quotient intellectuel auquel ne prétend pas chaque vendeur de disque, le mien m’affirmant que ce disque n’est pas en rayon, alors qu’il y trônait en évidence.
Je vois déjà l’armée de nostalgiques des magasins où chaque vendeur était un compagnon de la musique, artiste de procuration ou d’heures sups, admirant et partageant le talent ce ceux qui bénéficient de quelques spots de plus, sans amertume. Bonne chance pour retrouver un John Cusack de High Fidelity. Au meilleur des cas, vous tomberez sur un Jeremy Piven (Ari Gold) d’Entourage qui vous présentera la formule magique du moment sans nécessairement y comprendre grand chose. Cusack et Piven ont commencé ensemble dans leur bled d’Evanston dans l’Illinois, mais ceci est une autre histoire, un autre article.
Il vous suffit donc, avant que je ne m’interrompe vulgairement, de sortir le prix d’un cocktail dans un lounge de Saint-Germain pour acquérir ce disque dont vous être sûr qu’il n’y passera jamais. Trop de folie et de créativité. Sons des années 70 à aujourd’hui, mais si présents dans ce petit moment, tel à satori où la musique ouvre ces portes de la perception sans se soucier d’un style particulier si ce n’est le sien. Barnabé Nuytten, Alex Aikiu, Philippe Laugier, Frédéric Soulard, Lexxx, Guillaume Brière, Julien Vichnievsky et plus car affinités. Un peu comme le collectif Bram van 3000, j’écris, tu chantes, il mixe, elle produit…
Orgie musicale où le début de l’aventure s’arrête pour se présenter vêtu d’instruments sur les scènes hexagonales. Car le groupe est en tournée, ce qui est la moindre des politesses. En effet, s’il y a eu un effet bénéfique de la crise du disque, c’est de forcer les artistes à faire de la scène et à ne pas s’endormir sur leurs plateaux d’œufs insonores et incolores en studio. Mais dans ce cas précis il semble qu’il s’agisse heureusement du contraire. Des fans qui les suivent de salle en salle avaient hâte de retrouver les titres d’Aikiu sur cet objet en voie de réapparition qu’est le disque, qui comme un livre permet de laisser une trace et marquer une rencontre. En espérant que vous apprécierez celle-ci.