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Musique

Concerts de musique liturgique à l’ULIF-Copernic

Les dimanches 13 et 20 octobre, la synagogue de Copernic présente deux rendez-vous uniques autour d’héritages et mélodies mêlant des traditions ashkénazes et sépharades. Des voix évoquant des transmissions et des époques dépassant les modes et attentes génériques. Rencontre avec Bruno Fraitag, vice-président de l’ULIF-Copernic

Pourquoi organiser des concerts de musique liturgique à l’ULIF ? 

Bruno Fraitag : Les concerts des 13 et 20 octobre correspondent à la fois à un hommage au hazan Armand Benhamou, qui a maintenant passé plus de 20 ans comme ministre officiant de l’ULIF-Copernic, et à un travail de préservation de la tradition musicale et liturgique de Copernic. La tradition musicale de l’ULIF est dérivée de la musique synagogale dite « consistoriale », corpus liturgique impulsé dès le XIXème siècle par le Consistoire de l’époque, grâce à des compositeurs français tels que Samuel Naumbourg ou Samuel David. Ces derniers eurent le mérite de noter sur partition les mélodies traditionnelles jusque-là transmises par voie orale, et de composer des musiques originales. À ces compositions furent ajoutées celles de leurs successeurs, tels Jules Franck, Emile Jonas ou Léon Algazi, ainsi que celles de compositeurs étrangers, dont le plus célèbre est Louis Lewandowski. Cette tradition liturgique est enrichie de plusieurs œuvres splendides de Salomon Rossi, la plus ancienne musique liturgique juive écrite qui nous soit parvenue (Venise, début XVIIe siècle) ainsi que de nombreuses mélodies sépharades.

Cette musique étant écrite essentiellement pour chœur mixte à 4 voix avec orgue, cette tradition a disparu dans les synagogues consistoriales, depuis que l’orgue et les chœurs mixtes ont été bannis des offices au début des années 70. C’est ainsi que l’ULIF-Copernic maintient seule la riche tradition de la musique liturgique dite « consistoriale », les autres synagogues modernistes de France n’ayant pas de chœur permanent. À l’étranger, de nombreuses communautés, libérales ou non, offrent une musique liturgique riche et de haut niveau, avec chœur mixte et orgue (ou piano), notamment en Amérique du Nord. Les offices étant bâtis à partir de mélodies pour la plupart différentes, la liturgie maintenue à l’ULIF-Copernic reste donc unique en son genre.

Comment percevez-vous l’évolution de cette musique ? 

La musique liturgique juive évolue de façon très diverse selon les rites et les pays. Rares sont les mélodies universellement utilisées dans toutes les synagogues du monde. A l’exception (notable) de la mélodie du Kol Nidré, qui est la même dans toutes les synagogues du monde (ashkénazes et dans beaucoup de synagogues sépharades), chaque pays, chaque communauté, presque, a suivi sa propre voie, y compris naturellement en Israël. L’activité de composition à visée liturgique existe (Israël, USA) mais elle n’est pas majeure. Les compositeurs juifs actuels (et ils sont nombreux) écrivent plus souvent de la musique profane, où, s’ils sont inspirés par les textes religieux (les psaumes, notamment), ils écrivent sans destiner leur musique au service religieux. Dans une même ville américaine, vous pouvez entendre dans une synagogue une musique très traditionnelle et dans une autre une musique qu’on croirait tirée d’un film de Dysney ou de Broadway ! Les synagogues qui ne veulent (ou ne peuvent) garder un hazan, un chœur et un(e) organiste se tournent soit vers l’absence totale de musique, en dehors du chant du rabbin, soit vers des formules utilisant un clavier numérique, voire de la musique rock. On voit des guitares électriques dans pas mal de synagogues américaines. Pourquoi pas ?  Cette diversité stimulante est sans doute la marque d’une vie réellement active.

Les jeunes apprécient-ils également la musique liturgique ?

Pour répondre à cette question, il faut sans doute se demander si les jeunes vont à la synagogue après la Bar/Bat-Mitsva. Et si oui, quelle musique ils aiment y entendre ? Probablement y a-t-il autant diversité dans ces goûts qu’il y en a pour les goûts des jeunes en matière de musique non liturgique. Beaucoup sans doute peuvent aller à la fois à des concerts de rock au stade de France ou au Zénith un soir et aimer entendre leur hazan le vendredi ou le samedi.

Quels sont les prochains événements culturels prévus par l’ULIF ?

Il y a beaucoup d’activités culturelles à l’ULIF-Copernic, notamment des conférences, des cours de pensée juive, ainsi qu’une saison de musique de haut niveau, faite de concerts où l’on ne donne pas que de la musique liturgique, mais dont les programmes sont toujours liés au judaïsme, directement ou indirectement. Ainsi, en mars 2014, le pianiste Laurent Cabasso (dont la famille est originaire d’Alexandrie) donnera un récital comprenant notamment des œuvres de Schubert et Chopin. Il succèdera à des musiciens comme Jean-Frédéric Neuburger, Jean-François Zygel, Pascal Amoyel, Emmanuelle Bertrand ou David Greilsammer.

Renseignements : 01 47 04 37 27