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Arts

Le Musée d’art et d’histoire du judaïsme met à l’honneur le peintre Maryan

Né en Pologne en 1927, Pinhas Burstein dit « Maryan » passe son adolescence dans des ghettos, camps de travail et de concentration nazis. Seul rescapé de sa famille, il échappe à plusieurs reprises à la mort mais est amputé d’une jambe après avoir été fusillé. Après deux années passées dans un camp de réfugiés en Allemagne où il s’adonne à la peinture et au théâtre, il part pour Jérusalem où il intègre, grâce à une bourse, l’école d’art Bezalel. Il y exposera  pour la première fois en 1949 avant de partir, l’année suivante, pour la France. A Paris, il étudie aux Beaux-arts dans l’atelier de Fernand Leger et expose dans plusieurs galeries. En dépit d’un certain succès critique il part s’installer à New York où l’effervescence artistique semble s’être déplacée.

Hormis un tableau clé de 1952 l’exposition La ménagerie humaine proposée par le MAHJ reprend les temps forts de l’œuvre de Maryan  de 1960 à 1977, année de sa mort. Elle comprend une vingtaine de toiles et des dessins regroupés par séries, ainsi que des extraits poignants du film Ecce homo, performance tournée au Chelsea Hotel en 1975.

Elle permet aussi de découvrir ses carnets autobiographiques datés de 1971 et donnés par la veuve de l’artiste au musée du  Centre Pompidou en 2012. Magistralement mis en perspective,  ceux-ci recadrent l’univers pictural de Maryan. Un univers coloré, peuplé de personnages outranciers enfermés dans des boîtes. Un carnaval de créatures qui crient, qui pleurent, qui crachent. Une peinture à nulle autre pareille qui frappe par la théâtralité des mises en scènes, qui, souvent, dénonce l’idiotie et l’absurdité du pouvoir comme dans la série des Napoléons de 1963.

En parallèle de l’exposition, le MAHJ propose de découvrir, dans une salle à part, les tableaux spécialement crées par le célèbre peintre et plasticien français Robert Combas, en hommage à Maryan : une série d’autoportraits, intitulée Dans les tuyaux, et une autre autour de la thématique « constructions-déconstructions », toute deux inspirées de l’univers de Maryan.

S’il n’a pas connu ce dernier, Robert Combas connaissait bien l’œuvre du peintre polonais, considéré à bien des égards comme l’un des précurseurs du mouvement de figuration libre dont Combas fut l’un des instigateurs dans les années 80. Il possédait d’ailleurs un exemplaire de cette extraordinaire Ménagerie humaine de 1961 qui a prêté son nom à l’exposition. Aussi, c’est naturellement qu’il a accepté de se prêter au jeu pour le plus grand plaisir des visiteurs.

Un double hommage donc, à cet artiste au regard triste, qui en dépit d’une vie émaillée de tragédies laisse derrière lui un message empreint d’un profond humanisme et une œuvre saisissante injustement méconnue.

Maryan (1927-1977) La ménagerie humaine, du 6 novembre 2013 au 9 février 2014

Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, Hôtel de Saint-Aignan, 71 rue du Temple 75003 Paris, www.mahj.org