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Israël

France et Israël : tant de points communs ?

Au cours de ses trois jours de voyage dans l’Etat hébreu, François Hollande a manifesté, avec sincérité et à plusieurs occasions, l’amitié de la France pour Israël. L’atmosphère autour de la délégation du président français était plutôt joviale, et les partenaires détendus.

Bien sûr, depuis 1948, il y eu des hauts et des bas dans les relations entre les deux pays. Mais François Hollande a tenu à le mentionner devant la Knesset lundi soir : « L’amitié de la France pour Israël est acquise, elle est forte au point de dépasser les aléas de la politique internationale et les changements de dirigeants ». Benyamin Netanyahou a également déclaré à l’attention du Président français : « vous êtes un véritable ami ». Afin de justifier la profondeur et la solidité de la relation entre leurs nations, Hollande et Netanyahou ont insisté sur les valeurs morales qu’elles nourrissent en commun ; pour ce faire, ils sont allés puiser des références jusque dans le XVIIIème siècle.

François Hollande l’a rappelé : « la France ne serait pas la France si elle n’avait été le premier pays européen, en 1791, à accorder aux Juifs des droits égaux à ceux des autres citoyens ». Le président français a également mentionné le fait que son pays avait « toujours été aux côtés d’Israël, dès les premiers jours, afin d’affirmer son droit à l’existence ».

Benyamin Netanyahou n’a pas non plus manqué de relever la contribution de la France au mouvement sioniste, dans les années 20. Le Premier ministre israélien a ainsi cité Clémenceau, qui a soutenu l’établissement d’un foyer juif en Palestine en 1919, ou encore le journaliste et écrivain Albert Londres. Lors de son voyage en Palestine en 1929, Londres se déclara en faveur de la création d’un Etat pour les Juifs ; c’est après avoir observé la pauvreté et l’insécurité des Juifs d’Europe d’un côté, et la liberté et la fierté de ceux déjà établis en Terre promise de l’autre, qu’il s’était fait un point de vue.

Afin d’alimenter son discours à la Knesset, Netanyahou a également évoqué des grands hommes appartenant à l’histoire plus ancienne : Napoléon, qui, lors de son passage à Acre en 1799, encouragea les Juifs à se réclamer nation parmi les nations, ou encore Jean-Jacques Rousseau (le philosophe francophone était toutefois genevois), qui maintint que les Juifs ne pourraient véritablement s’exprimer que lorsqu’ils bénéficieraient de leur propre Etat.

François Hollande a également mentionné que les langues française et hébraïque étaient « liées par leur histoire ». Il fit ainsi référence à Eliezer Ben Yehouda, fondateur de l’hébreu moderne, que Paris inspira apparemment ; la légende raconte que ce fut dans un café du boulevard Montmartre qu’il prit conscience de la nécessité de l’hébreu à l’établissement d’un foyer juif et qu’il commença à le parler. Hollande mit sur le même plan le français et l’hébreu, en tant que « langues de partage, ayant pour vocation de se donner aux autres ».

La vertu de courage fut également évoquée par l’un et l’autre afin de se complimenter. Le chef du gouvernement hébreu remercia chaleureusement la France pour le courage dont elle a fait preuve en s’opposant à un accord n’empêchant pas l’Iran d’accéder à la bombe atomique. Hollande salua quant à lui le courage des Israéliens, « qui doivent négocier pour aller vers la paix ».

Mais si le courage représente un point commun entre les deux nations, les gouvernements français et israélien n’imaginent pas ses effets de la même manière ; François Hollande rappela la position officielle de la France dans le conflit israélo-palestinien : deux Etats pour deux peuples, avec Jérusalem pour capitales ; il demanda l’arrêt de la « colonisation, qui compromet la paix ». Un programme qui ne figure pas encore sur l’agenda de Benyamin Netanyahou.

Hollande fit toutefois appel à une illustre personnalité, à la fois juive et française, afin d’appuyer la logique derrière ses propos : Léon Blum. L’ancien chef du gouvernement français pensait que la noblesse d’un homme, c’est de prévoir et d’anticiper, et de travailler à une œuvre qu’il ne contemplera pas de son vivant. Hollande conclut son discours en annonçant devant le parlement israélien que « la paix sera votre plus grande victoire ».

Les sentiments sincères du président français à l’égard d’Israël et sa conviction de la nécessité d’une paix régionale durable furent grandement appréciés par les Israéliens. François Hollande compte d’ailleurs bien utiliser ses bonnes relations avec Israël et avec l’Autorité Palestinienne afin de jouer un rôle décisif dans la progression des négociations de paix.