Inutile de nous ressortir vos photos en noir et blanc de la rue des Rosiers, les souvenirs qui sont masqués par les devantures de magasins de mode se dressant en colonnes Morris pour faire oublier les établissements qui ont contribué à la vie de quartier. Car il s’en passe encore des choses à la rue des Rosiers. Notamment une démarche unique en son genre, l’initiative de la libraire Rachel Blaustein au Café des Psaumes. Ce dimanche, elle organisa le Prix du Café des Psaumes en compagnie de Fabienne Amson, de la direction du lieu et de l’OSE, représenté à cette occasion par la directrice générale Patricia Sitruk. Ce prix littéraire est voté par des personnes âgées qui résident dans des structures de l’OSE, après avoir lu une dizaine de livres sélectionnés. Cela leur permet de garder un lien avec l’actualité culturelle, mais aussi d’échanger leur regard avec les jeunes de l’institution, lesquels participèrent activement au projet. Une certaine émotion était palpable lorsque ce public se retrouva pour le prix, attribué à Laurent Seksik pour son livre Les derniers jours de Stefan Zweig (Flammarion). L’auteur, très touché par cette rencontre, accepta de répondre à quelques questions.
L’Arche : On vous a senti assez ému lors de l’attribution de ce prix.
Laurent Seksik : Oui, tout d’abord parce que l’OSE est un établissement important, cher à mon cœur. C’est un immense honneur d’avoir reçu le Prix du Café des Psaumes et d’avoir été lu par ces personnes. Les lecteurs, qui ont été des témoins de l’époque dont parle le livre. Ils en valident en quelque sorte la qualité au sens propre du terme. Quand on connaît aussi la démarche entreprise par ce prix, de maintenir un lien avec les événements culturels pour des personnes âgées, qui souffrent pour certaines de problèmes de mémoire, on ne peut qu’être enthousiasmé.
Est-ce pour vous une rencontre sincère avec des personnes engagées pour le partage de la littérature ?
Oui et cela se ressent à tous les niveaux, du public au jury, des jeunes qui les accompagnent aux auteurs et maisons d’édition qui participent au projet. Des histoires multiples, émouvantes se rencontrent. Quand on connaît le rôle de l’OSE dans la période dont parle le livre, ce que cet organisme a fait pour puiser dans la jeunesse pour permettre aux autres de vivre, la symbolique est très forte. L’honneur pour moi aussi d’être nommé avec de grands auteurs comme Amos Oz, Tobie Nathan, Chochana Boukhobza… et de le recevoir au Café des Psaumes. Je souhaite sincèrement une longue vie à ce prix.