La France cinéphile est coupée en deux. Cela se voit au décor du salon. Au-dessus du meuble qui ne permet pas d’avoir assez de place au mur pour y projeter des films, trône un vase qui contient les souvenirs en cendres de ceux qui regrettent soit les comédies à la française, soit les films policiers made in Hexagone. Si vous avez plus de 40 ans, vous savez de quoi je parle. Si vous avez moins de 40 ans, vous en avez marre d’entendre les anciens combattants du 7ème art se morfondre dans leur nostalgie.
Afin de réconcilier les générations, un pas suffit, en direction de la salle de cinéma la plus proche. Le jeu de la vérité, de François Desagnat vous fera revivre l’ambiance des comédies comme nous les aimions et qui commencèrent à disparaître au lendemain de Mes meilleurs copains (1989). Il s’agit d’ailleurs d’une histoire de copains, qui a ravi les spectateurs au théâtre depuis 2005. Ecrite et adaptée au cinéma par Philippe Lellouche, elle réunit l’auteur, Christian Vadim et David Brécourt pour des retrouvailles de potes troublées par la femme qui marqua leur enfance avant de prendre ses distances et interprétée par Vanessa Demouy. Les moments drôles, situations embarrassantes et retournements surprenants rythment les montagnes russes de cette comédie qui permettra aux spectateurs de ne plus avoir à supporter les comédies romantiques à l’américaine. Celles dont on devine la fin dès le générique du début et qui sont souvent plus supportables lorsque ces deux moments sont rapprochés.
Le jeu de la vérité est le genre de film participatif, qui donne envie comme avec Les Bronzés, Clara et les chics types et Mes meilleurs copains de rejoindre le groupe. Ce qui étonne le plus dans la pièce comme dans le film c’est le sentiment d’oubli qui vous envahit lorsque vous regardez les comédiens. On oublie qu’il y a un travail d’artisan derrière le texte et de précision dans le jeu sur scène et à l’écran de la part de ces comédiens expérimentés. L’histoire leur appartient, se naturalise et nous donne envie de rire et de nous identifier. Et surtout de retourner voir le film pour s’approprier les répliques cultes. Bonne séance, en attendant que l’autre moitié des Français retrouve le sourire en voyant des films policiers qui les satisferont.
