Famille, famille. Quel est ton sens, ta raison d’être et de devenir ? Comment te constituer ou te déconstruire afin de répondre aux nécessités et désirs ? Les récentes évolutions juridiques et sociétales laissent malgré tout le sentiment d’un besoin de discussion, afin d’apaiser les positions et frustrations. Idéologies, codes moraux et générations entrent en conflit dans des champs pas toujours perceptibles. Il semble bon de consulter sa conscience et celle des autres. C’est ce que tente de faire avec force et sincérité Conception, le livre d’Ariane Zarmanti.
Ce roman raconte le pari de la parentalité, basé sur l’adéquation de moments et sentiments qui ne se garantissent pas que par l’amour tel qu’il est perçu traditionnellement. La narratrice partage son ambition avec ses proches, amis, amants, famille. Face aux certitudes des uns, c’est un cheminement qui aboutit à de nombreuses dialectiques et invite à mieux comprendre et accepter ces démarches qui ne sont finalement pas si différentes.
Et ce qui semblera peut-être le plus dur pour certains lecteurs masculins, c’est d’accepter la sincérité de cette femme qui désire un enfant plus que le père de celui-ci. Elle prétend changer sa vie sans ambitionner de révolutionner ou de satisfaire celle des autres. Un peu comme le résume la phrase de Lotus Weinstock citée dans le film Shortbus : « Auparavant, je désirais changer le monde. Aujourd’hui, je souhaite simplement sortir de cette chambre avec un peu de dignité. » La dignité se résumant ici dans la sortie de cette chambre d’accouchement à deux, comme le veut la politesse plus que la tradition, femme et enfant d’abord.
Ariane Zarmanti, Conception. Editions Omniscience.
