Rencontre Françoise Piazza, auteure d’une biographie sur Francis Huster.
L’Arche : Est-ce la vocation des acteurs d’être des passeurs de rêve ?
Françoise Piazza : Oui, pour moi les comédiens se doivent d’être des passeurs de rêves : ils nous emportent vers des univers, oniriques ou non, bien loin d’une réalité souvent difficile à affronter. Comme les peintres, comme les sculpteurs… Que serait la vie sans l’art et sans le rêve ?
Qu’est-ce qui vous marque le plus dans la carrière de Francis Huster ?
L’extraordinaire éventail des rôles dans lesquels il s’est investi, jusqu’à y perdre ses forces, et parfois presque sa vie. Son incarnation de plus en plus évidente de personnages hantés par les déchirures du monde contemporain. Sa volonté de ne jamais jouer un salaud de peur d’y perdre de son âme. Son courage physique au-delà de toute mesure. Sa volonté inébranlable d’aller toujours plus haut.
Et chez l’homme ?
Sa solitude, son désarroi parfois, sa manière d’être involontairement démarqué de toute réalité. Son regard qui peut passer en quelques secondes du rire aux larmes. Sa tendresse. Son instinct infaillible, son feeling : jamais il ne se trompe sur les autres, un talent , une confiance à donner, c’est impressionnant. L’attention qu’il porte aux autres, à leur bien-être, ou à leurs chagrins. Son côté insaisissable, tellement vulnérable.
Il a formé de nombreux comédiens, comment le perçoivent-ils aujourd’hui ?
Des comédiennes comme Clotilde Courau, Sandrine Kiberlain reconnaissent lui devoir presque tout. Certains de ses élèves, comme Colette Bonacorsi, ont à leur tour ouvert des cours et continuent de faire vivre ce qu’ils ont acquis auprès de lui. Les jeunes recrues de la Troupe de France lui doivent leur première chance. Francis leur a tendu la main que lui tendirent il y a des années Barrault ou Pierre Dux. Tous lui en sont reconnaissants. C’est comme une chaîne qui ne doit pas se briser.
Eric-Emmanuel Schmitt a signé la préface de votre livre, parlez-nous de leur collaboration artistique.