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France

Alain Finkielkraut à l’Académie Française

Jeudi 10 avril, 16 Immortels sur 28 votants faisaient entrer dès le premier tour l’auteur de La défaite de la pensée quai Conti.

A 64 ans, le nouvel académicien succède au fauteuil 21, celui de Félicien Marceau. « Je suis heureux de cette élection. Ce n’est pas seulement moi, c’est mon nom, et d’une certaine manière ma lignée, qui entre à l’Académie française », a déclaré ce fils de déporté, survivant d’Auschwitz, à l’annonce du résultat, ajoutant, « Je quitte Polytechnique. Je suis trop vieux pour être professeur et, à défaut d’être immortel, je vais être un jeune académicien ! », et de préciser avec ironie, « Je suis fier et heureux d’être membre de cette institution anachronique ».

Son arrivée sous la coupole n’a pourtant pas été une élection évidente, certains craignant que le philosophe médiatique, taxé de « nouveau réac », ne vienne ébranler, avec sa personnalité trop « clivante », l’univers feutré de l’Institut. Ses soutiens tels Jean d’Ormesson, Pierre Nora et Hélène Carrère d’Encausse en ont décidé autrement, d’autant que le polémiste n’a guère été touché par de tels remous, tant il est « mu par la volonté aristocratique de déplaire », selon son ami Pascal Bruckner qui cosigna avec lui Le Nouveau Désordre amoureux en 1977.

« Est-ce que je dois payer mon attachement à l’identité nationale ? Ce serait ironique parce qu’autrefois, j’aurais peut-être payé au contraire le nom que je porte », a régit l’académicien fraichement élu. Ses prises de positions « suscitent des polémiques mais contribuent à la richesse des idées et des échanges liée à une société démocratique », a estimé la LICRA qui s’est félicitée de cette élection.

Endossant déjà son futur habit vert, Alain Finkielkraut a fustigé « l’effondrement de la syntaxe » et  « l’appauvrissement du vocabulaire », y compris parmi les élites. Et de conclure son explication par « l’Académie française, c’est la langue soutenue par la littérature ».