L’armée d’Israël a annoncé qu’elle s’apprêtait à envoyer des appels à la conscription aux jeunes chrétiens israéliens en âge de s’engager. Toutes les unités leur seront ouvertes, y compris les corps d’élite. Le service militaire est facultatif pour cette population, et le demeurera. Parmi les 130 000 chrétiens d’Israël, une centaine de jeunes garçons servent aujourd’hui dans les ranges de Tsahal.
Le député du parti arabe Balad, Bassel Ghattas, a accusé l’Etat d’Israël de souhaiter « diviser la population arabe ». Pourtant, l’initiative d’appeler les jeunes chrétiens sous les drapeaux s’est fait sous l’impulsion des responsables de la communauté chrétienne.
Shadi Khalloul, maronite, résident du village galiléen de Jish (Gush Halav), est le porte-parole de l’association à la source de cette décision : le Forum pour la conscription des jeunes chrétiens arabophones, basée à Nazareth. Pour Khalloul, l’accusation prêtée à l’Etat hébreu de vouloir briser l’unité des populations arabes d’Israël n’est pas sérieuse. Il tient à lever le voile sur ce malentendu : « Pour qu’il y ait division, il faudrait tout d’abord qu’il y ait unité. Or nous sommes chrétiens araméens, et non arabes. (Les Araméens sont un peuple antique du Moyen-Orient). Nous avons toujours été séparés des musulmans, à l’instar de la situation qui prévaut aujourd’hui au Liban ». Il argue qu’ « à Gaza ou à Bethléem, les musulmans persécutent les chrétiens et les empêchent de se livrer librement à leur culte », concluant par : « Est-ce là une nation ? Parler d’une unité entre chrétiens et musulmans relève du mensonge ». « Les députés des partis arabes ne nous représentent pas », ajoute-t-il.
Khalloul explique que l’initiative d’appeler les jeunes chrétiens à s’engager dans Tsahal ne constitue qu’une partie d’un projet de plus grande envergure : « Nous souhaitons recouvrir notre identité, et être considérés comme une minorité ethnique d’Israël indépendante. Nous, chrétiens d’Israël et du Moyen-Orient, sommes antérieurs aux conquêtes islamiques. L’appellation arabe chrétien est incorrecte ». Il précise que les différentes communautés chrétiennes d’Israël, que ce soit les Maronites, les Grecs orthodoxes ou les Melkites, en autres, ne sont pas d’ascendance arabe.
Dans le cadre de cette démarche, en février dernier, les chrétiens ont obtenu l’instauration d’une loi leur permettant de bénéficier de leurs propres représentants au sein de la Commission nationale sur l’égalité des chances dans l’emploi. Nombres de personnalités arabes musulmanes en Israël et dans l’Autorité Palestinienne avaient pourtant prêté au gouvernement hébreu le dessein malveillant de « diviser la population arabe d’Israël » – une accusation qu’avaient reprise les media internationaux.
Ces diatribes font rire les responsables chrétiens. « Israël constitue l’unique pays du Moyen-Orient où les chrétiens jouissent de la possibilité de vivre normalement », confie Khalloul. « Nous devons lui rendre le respect qu’il mérite ». Selon lui, chrétiens et Juifs en Israël partagent le même destin. « Nous nous sentons bien dans ce pays et de ce fait, nous devons lui apporter notre contribution ».
L’amitié entre chrétiens et Juifs en Terre promise n’est pas nouvelle ; pendant la Deuxième Guerre mondiale, les autorités maronites libanaises avaient invité les Juifs à trouver refuge dans leur pays et, à l’aide de leurs pairs de Galilée, les aidaient ensuite à gagner clandestinement le foyer juif.