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Le hors-série de l’Arche est sorti

De quoi l’humour est-il le nom ?

 

Qu’est-ce que l’humour juif ? Qu’a-t-il de particulier ? Comment le définir ? Y a-t-il un humour juif ou des humours juifs ?

A-t-il une histoire ? Évolue-t-il à travers les âges, à travers les lieux, à travers le temps ? Faut-il lui trouver des origines dans la Bible ? Dans le Talmud ? Dans le monde hassidique ? Dans l’univers yiddish ? Dans l’histoire juive ?

Quels sont ses ressorts ? L’autodérision ? Une manière de résister ? Une manière d’introduire un soupçon de fantaisie dans l’existence ? Une façon de débanaliser le quotidien ?

Nous avons voulu dans ce numéro présenter les différents visages, les mille et une facettes, les dimensions multiples.

Nous avons voulu célébrer pêle-mêle les romans de Romain Gary, d’Albert Cohen ou de Shalom Alechem, les films de Woody Allen, de Groucho Marx ou de Gérard Oury, les spectacles de Jean-Pierre Derec, Pierre Dac ou Anne Roumanoff…

Comment distinguer les catégories les unes des autres ? Les référents ? Les modernes ? Les contemporains ?

Ce kaléidoscope ne prétend pas, bien entendu, épuiser le sujet. Sans doute aurons-nous oublié bien des noms, omis des références, passé à côté de tel ou tel phénomène. Mais nous avons voulu esquisser les contours, délimiter l’espace, chercher le noyau dur.

Avant de commencer à préparer ce hors-série, nous avons jeté un coup d’œil sur la collection de l’Arche et nous nous sommes aperçus que l’humour juif était ce qu’on appelle un « marronnier » dans notre jargon, c’est-à-dire qu’il apparaît à intervalles réguliers sous la forme d’un gros dossier, en général d’ailleurs au printemps. Les couvertures ? Woody Allen bien naturellement, passage obligé et figure incontournable. Mais une année, on a vu passer la fine moustache de Charlie Chaplin, surmontée d’un chapeau noir pour qu’on le reconnaisse plus aisément.

Les deux auraient pu resservir. Le second surtout puisqu’on célèbre un peu partout le centenaire de son premier film (The Kid). Nous sacrifions nous aussi au rituel et rendons hommage à celui qui a ouvert la voie et qui se considérait comme « un juif d’honneur ».

Mais nous avons finalement opté pour une couverture collective où précisément les visages divers de l’humour sont célébrés. Pas de premier de la classe cette fois ni de prime a New York, à Paris ou à Jérusalem, mais un concert de voix qui nous accompagnent et continuent de nous apporter de la gaieté, du charme, de l’esprit. Chacune dans son registre et chacune a sa façon.

De quoi l’humour est-il le nom ? Ni raillerie, ni ironie, ni sarcasme, mais éloge de la fantaisie, de l’imagination, de l’inspiration, de la liberté. Tournure d’esprit, art de vie, philosophie de l’existence, figure d’un humanisme. L’humour juif est tout cela à la fois. Et à ce titre, ingrédient essentiel de la culture juive. Et marqueur à part entière de ce que nous sommes.