Tout commence par la diffusion sur le site internet du FN de la vidéo hebdomadaire du président d’honneur du parti. Avec son interlocutrice, Jean-Marie Le Pen commente, comme à son habitude, les sujets d’actualité et critique les artistes qui prennent position contre le FN, tels Guy Bedos, Madonna et Yannick Noah. Quand le nom de Patrick Bruel est évoqué, J-M Le Pen répond : « Ecoutez, on fera une fournée la prochaine fois ».
Depuis samedi soir la vidéo n’est plus en ligne mais cela n’a pas empêché SOS Racisme de dénoncer dès dimanche matin des propos qui relèvent « du plus crasse logiciel antisémite et non du simple dérapage ». Une nouvelle sortie du Président d’honneur du FN qui vient entacher la respectabilité nouvellement acquise par le parti dirigé désormais par sa fille Marine. Aussi, plusieurs cadres du FN n’ont pas tardé à réagir en condamnant à leur tour « une mauvaise phrase de plus. C’est stupide politiquement et consternant », a ainsi déclaré Louis Aliot, le vice-président du FN et compagnon de Marine Le Pen. Même réaction du député frontiste Gilbert Collard qui a dit comprendre ceux qui avaient été blessés par ces propos, ajoutant « Guy Bedos a pris sa retraite, le rois d’Espagne a pris sa retraite et Jean-Marie Le Pen ferait peut-être bien de se poser la question ». Obligée de monter au créneau à son tour, Marine Le Pen a dit regretter « la faute politique » de son père, tout en se disant « convaincue que le sens donné à ses propos relève d’une interprétation malveillante ».
La polémique n’en est pas restée là puisque dans la soirée Jean-Marie Le Pen, invité à régir à ces condamnations sur BFM-TV, a embarrassé davantage son parti en considérant « que la faute politique c’est ceux qui se sont alignés sur la pensée unique. Ils voudraient ressembler aux autres partis politiques. Si c’est le vœu d’un certain nombre de dirigeants du FN, ils ont réussi. C’est eux qui ont fait une faute politique, pas moi », ajoutant même ignorer que Patrick Bruel était juif…
S’il « y aura forcément une explication » entre les Le Pen, comme l’a reconnu Florian Philippot, de nombreuses associations comme le MRAP, la LICRA et le CRIF ont rappelé que cette nouvelle sortie ne faisait que confirmer que FN, s’il avait changé de visage, n’avait pas changé d’ADN.