« Les Juifs de France ne doivent pas avoir peur », a déclaré ce jeudi Laurent Fabius, ajoutant, « or beaucoup d’entre eux ont peur à cause de toute une série de manifestations d’antisémitisme ». Face à ces actes « il faut une fermeté absolue. Cette fermeté doit être dans les propos des uns et des autres, mais aussi dans les actes de justice car l’antisémitisme n’est pas une opinion, c’est un délit et ce délit doit être condamné », a souligné le ministre des Affaires Etrangères, concluant « L’antisémitisme ne doit pas avoir droit de cité en France ».
Le chef de la diplomatie appuie par ces propos la fermeté affichée par le gouvernement après les récentes violences antisémites commises à Barbès et Sarcelles. Des violences qui justifient l’interdiction de manifestations pro palestiniennes à l’avenir. Pour Manuel Valls, « S’il n’y a pas de garanties, si nous craignons ce qui a conduit à l’interdiction de deux manifestations sur les 66 qui ont eu lieu ces derniers jours, alors là aussi le gouvernement prendra ses responsabilités et ce type de manifestation sera interdite ». Relevant que la manifestation autorisée hier à Paris s’est déroulée dans le calme, le Premier Ministre a constaté que cela a été rendu possible grâce à deux facteurs : « la prise de responsabilité des organisateurs » mais aussi « d’un dispositif policier de grande ampleur », « un policier ou un gendarme pour 15 manifestants ». Interrogé peu après sur Europe 1, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a également insisté sur la nécessité « d’examiner chaque déclaration de manifester au cas par cas » dans le « contexte actuel ».
Ces interdictions critiquées à gauche, plusieurs responsables d’extrême-gauche et députés PS reprochent au gouvernement une politique « pro israélienne », sont saluées à droite. François Fillon, Xavier Bertrand et Luc Chatel ont récemment approuvé et soutenu la ligne gouvernementale. Mais au sein de l’UMP des voix divergentes se font aussi entendre, Valérie Pécresse estime notamment qu’il vaut « mieux autoriser les manifestations que les interdire. […] Sinon on fera de la France une cocotte minute qui risque de faire un jour sauter le couvercle ». L’ancien ministre ne compte cependant pas laisser le champ libre aux casseurs et aux violences antisémites, affirmant qu’ « on doit être intransigeant vis-à-vis de ceux qui cassent et qui ne sont pas des manifestants », « il faut savoir les punir » a-t-elle insisté, se disant aussi « satisfaite du fait que le ministère de la Justice ait fait appel » des peines avec sursis prononcées en comparution immédiate contre plusieurs individus interpellés samedi dernier à Barbès.