« Le cessez-le-feu, nous n’y croyons pas vraiment… » indique Ronit, une résidente de Nahal Oz. Ce kibboutz du Néguev occidental, situé à quelques kilomètres de la frontière avec Gaza, a durement souffert du dernier conflit entre Israël et le Hamas. Ses habitants ont quitté leurs habitations dès les premières heures de l’opération Bordure Protectrice afin de trouver refuge dans des localités épargnées par les tirs.
La tribu s’est déplacée d’un endroit à un autre du pays pendant les deux derniers mois ; ils ont logé, entre autres, dans un hôtel à Jérusalem, ou encore dans un centre d’accueil pour enfants au kibboutz Vitkin, à côté de Netanya. A la mi-août, voyant les combats diminuer, les cessez-le-feu temporaires s’enchaîner, ils sont rentrés chez eux.
La semaine dernière, ils ont pourtant repris la route. Vendredi 22 août, c’est un enfant de leur communauté, Daniel Tragerman, 4 ans, qui est décédé suite à la chute d’un obus de mortier. « Cet événement a brisé tout le monde », confie Ronit, poursuivant : « les membres de cette famille sont nos voisins et nos copains ». Les parents de la victime ont d’ailleurs annoncé qu’ils quittaient définitivement le kibboutz.
Voilà ainsi les Israéliens de Nahal Oz repartis pour le kibboutz Urim ; cette communauté se trouve elle aussi dans le Néguev, mais plus à l’intérieur des terres. Ils logent à l’hôtel du kibboutz, aux frais du gouvernement. « Nous restons ici encore quelques jours ; jeudi soir, nous rentrerons à Nahal Oz ». Ronit explique que les kibboutznik de Nahal Oz ne se sentent pas en sécurité, mais qu’ils n’ont pas d’autres choix que de revenir chez eux. « On doit travailler, et les enfants vont retourner à l’école ». Les petits, eux, semblent contents de regagner leur maison.
« Nous devrons certainement repartir dans un mois », ajoute la mère de famille sur un ton placide, détaillant : « au moment des fêtes ». Le cessez-le-feu proclamé mardi soir indique en effet que les questions les plus sensibles seront discutées le mois prochain. Les demandes du Hamas comprennent l’ouverture totale du point de passage de Rafah, ainsi que la construction d’un port. « Lorsqu’ils verront que leurs requêtes ne sont pas acceptées, ils reprendront les armes » conclut Ronit.
Dans le reste du pays, les sentiments des Israéliens restent identiques. « Cela fait déjà le énième cessez-le-feu qu’ils proclament ; et au bout de quelques jours, cela recommence », déclare Aviad, un résident de Tel-Aviv. Loin de la frontière, les esprits ne s’avèrent pas plus détendus. En ville, les bruits du démarrage d’une moto, d’une alarme de voiture, évoquent encore la sirène de l’alerte rouge. Dans des zones à ciel ouvert, sur la plage, ou au parc, chacun garde, dans un coin du cœur, une petite inquiétude ; ne sachant pas vraiment ce que lui réserve les prochaines semaines.