Le professeur d’études talmudiques Liliane Vana a organisé avec succès une lecture de la torah par et pour les femmes le jour de Simha Torah. Cet évènement placé sous l’égide de l’institut J, a été annoncé par mail ; il a eu un retentissement certain au sein des mouvements féminins juifs orthodoxe.Rencontre avec Evelyne Berdugo, présidente de la Coopération féminine.
L’Arche : Qu’est ce que cet évènement symbolise ?
Evelyne Berdugo : Dans le cadre orthodoxe, c’est une régularisation et un rétablissement partiel des droits de la femme dans son accès à l’étude. Lire dans la torah est une demande légitime des femmes instruites. En effet rien, aucune loi halachique ne les en dispense et il n’y a jamais eu d’interdiction en ce sens. Contrairement aux hommes qui ont le devoir d’étudier, les femmes le font par choix et envie. C’était une attente et avoir répondu à ce désir est la réalisation d’un rêve.
Comment jugez vous les réactions des autorités rabbiniques?
Les autorités rabbiniques ont des réactions qui ressemblent plus à de la crispation qu’à une opposition institutionnelle. La restriction de l’accès à l’étude des femmes et à l’enseignement s’est développée au fil du temps au point d’en devenir une coutume consentie. Le mouvement des lumières a renforcé la réticence des rabbins et les a placés dans une position de repli et de défense face à des revendications qu’ils jugeaient dangereuses parce que nouvelles. Les autorités rabbiniques en France sont très en deçà des tolérances admises ailleurs.
L’égalitarisme progresse-t-il dans toutes les mouvances ?
Les mouvements libéraux et massortis reconnaissent l’égalité entre hommes et femmes et ceci dans tous les pays où ils sont implantés notamment dans les pays d’influence anglo-saxonne. Au sein des courants orthodoxes dans lesquels la séparation entre hommes et femmes est en vigueur, l’égalité n’est pas un sujet de débat, chacun des sexes ayant un rôle bien défini. Il serait d’ailleurs difficile de faire admettre aux femmes orthodoxes qu’elles auraient les mêmes obligations que les hommes sans compter que ce serait aller à l’encontre des lois halachiques de la nidda. Les femmes orthodoxes précisent bien que leurs revendications se font dans le cadre de la stricte obédience de ces lois. Leur position est de refuser les abus commis en défaveur de leurs droits et qui nuisent à leur désir de retrouver leur place au sein de la communauté.