Jérusalem s’est réveillée mardi 18 novembre dans un silence endeuillé, après l’attaque la plus meurtrière de ces dernières années. Une attaque terroriste perpétrée dans une synagogue du quartier ultra-orthodoxe de Har Nof, qui a fait quatre morts et huit blessés, dont cinq dans un état critique. Cet attentat d’une violence rare fait suite à l’assassinat ce mois-ci de cinq Israéliens et d’une touriste, tués à l’arme blanche et à la voiture bélier par des Palestiniens.
Deux terroristes originaires de Jérusalem Est ont pénétré dans le lieu de culte, couteaux, haches et pistolet à la main, en criant « Allah Akbar », alors que des fidèles juifs s’adonnaient à la prière du matin. « Des policiers arrivés sur place ont tiré et tué les deux terroristes » en sept minutes, a précisé la porte-parole de la police israélienne Luba Samri. L’un des deux Palestiniens travaillait dans une épicerie tout près de la synagogue, selon la Chaine 2 israélienne.
Les rabbins Moshe Tversky, Arié Kaufinsky, Shmuel Goldenberg et Kalman Levy, ont été enterrés dans l’après-midi, sous les yeux de centaines de personnes venues assister aux funérailles, et en présence du président Reuben Rivlin qui a transmis ses condoléances aux familles.
Le Hamas a salué l’attaque, affirmant qu’il s’agissait d’une « réaction naturelle » et d’une « réponse au meurtre » d’un conducteur de bus palestinien retrouvé mort lundi à Jérusalem. Il s’agissait pourtant d’un suicide selon l’autopsie pratiquée par les autorités israéliennes.« Acte héroïque », « action de qualité »sont les termes qui ont été relayés par les responsables et porte-paroles de l’organisation terroriste sur les réseaux sociaux.
Le président américain Barack Obama a appelé dans la journée de mardi, Israéliens et Palestiniens à fournir des efforts communs en vue de calmer les tensions après l’attaque qu’il a qualifiée d’« horrible ». Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a de son côté présenté ses condoléances dans un entretien téléphonique avec le premier ministre Benyamin Netanyahou, condamnant « un acte de pure terreur d’une brutalité insensée ».
Le président François Hollande a quant à lui dénoncé « avec la plus grande force l’odieux attentat » et « ceux qui ont osé saluer cet acte ».
Le Bureau du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a aussi officiellement condamné l’attentat, avant d’exiger toutefois « la fin des incursions dans al-Aqsa, des provocations de colons et de l’incitation de certains ministres israéliens ». « Il est temps de mettre fin à l’occupation et mettre un terme à tout ce qui provoque la violence et les tensions », a-t-il martelé.
Le premier ministre Benyamin Netanyahou a dénoncé la « responsabilité directe des incitations à la violence » du parti d’Abbas, et promis qu’Israël répondrait « avec une poigne de fer à ce meurtre de Juifs » en pleine prière dans une synagogue. « Nous sommes au cœur d’une bataille pour Jérusalem », a-t-il déclaré. Le ministre israélien de la Sécurité intérieure Yitzhak Aharonovitch a directement accusé le leader palestinien Mahmoud Abbas et le Hamas d’être responsables de l’attentat. « Ils utilisent tous les prétextes pour inciter à la violence, y compris le suicide du chauffeur d’autobus (palestinien) alors qu’il s’agit d’un suicide comme l’a prouvé un rapport de l’institut médico-légal après une autopsie », a-t-il rappelé. Aharonovich a parallèlement appelé les Israéliens « à ne pas se faire justice eux-mêmes », alors même qu’il compte faciliter le port d’armes afin de renforcer l’autodéfense. « Je vais lever dans les prochaines heures certaines restrictions sur le port d’arme », a affirmé le ministre de la Sécurité intérieure. Cette mesure concernerait les Israéliens détenteurs d’un port d’armes, tels que les officiers de l’armée en dehors de leur service, ou les « gardiens d’école ou de jardins d’enfant » qui pourront conserver en permanence leur arme sur eux. Yitzhak Aharonovitch a également annoncé la décision du Premier ministre en faveur d’un « renforcement des contrôles des entrées et sorties pour isoler » certains quartiers de Jérusalem Est, et promis de « détruire les maisons des terroristes », une mesure suspendue il y a des années par Tsahal, qui l’avait à l’époque jugée « contre-productive ».
Alors qu’Israël subit des attaques terroristes meurtrières depuis plusieurs semaines, dans une atmosphère souvent qualifiée d’amorce à une troisième Intifada, certains pays européens dont la France se préparent à reconnaitre un Etat palestinien, sans l’obliger à reconnaître l’Etat juif. Une intention que Benyamin Netanyahou a vivement critiquée, demandant « instamment à tous les dirigeants du monde de dénoncer ‘totalement’ le terrorisme et l’assassinat de Juifs dans leurs châles de prière », et pointant du doigt la communauté internationale « qui fait preuve d’irresponsabilité en ignorant ces incitations à la violence ».