Suivant la mouvance européenne du vote sur la reconnaissance d’un Etat palestinien, le Parlement français se prononcera le 2 décembre sur le sujet, après la proposition de résolution des députés du Parti socialiste. Un vote non contraignant mais hautement symbolique après celui du Parlement espagnol, dernier en date. Les réactions israéliennes se font nettes et sans appel.
Le ministre des Affaires étrangères israélien a donné le ton mercredi 19 novembre après le vote de Madrid passant majoritairement une motion pour la « reconnaissance de la Palestine comme Etat », le jour même de l’attentat meurtrier dans une synagogue de Jérusalem : « Il aurait mieux valu que le Parlement espagnol condamne l’horrible massacre que des Palestiniens ont commis dans une synagogue à Jérusalem », a-t-il déclaré.
Selon les dires de l’Autorité palestinienne, quelque 135 pays de par le monde ont reconnu la « Palestine », dont la Suède, qui a été le premier grand pays de l’Europe de l’Ouest à reconnaître l’Etat palestinien fin octobre. Pas moins de sept autres membres de l’Union européenne ont sauté le pas : la République tchèque, la Hongrie, la Pologne, la Bulgarie, la Roumanie, Malte et Chypre, qui l’ont reconnue avant leur entrée dans l’UE.
A l’approche du vote français, l’ambassadeur israélien à l’Union européenne David Walzer a réuni en urgence les membres de sa délégation. Il affirme qu’une reconnaissance unilatérale n’aidera pas Netanyahou et Abbas à revenir à la table des négociations, mais au contraire ne fera qu’accentuer les clivages.
De son côté le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a expliqué à la chaîne d’information i24news, dimanche 23 novembre, que Paris commettrait une grave erreur en reconnaissant un Etat palestinien : « Bien sûr que le vote du Parlement français nous inquiète (…) c’est même irresponsable », a-t-il déclaré. « Ce que la France veut faire, c’est donner aux Palestiniens un Etat, sans paix, pour qu’ils puissent continuer à faire la guerre », a décrypté Netanyahou.
Le gouvernement israélien a averti sans équivoque l’Union européenne, en qualifiant ce vote d’anti-israélien. Il y a deux semaines, le ministre israélien du Renseignement Yuval Steinitz, avait également prévenu la France concernant toute reconnaissance unilatérale, qui pourrait rimer avec « la fin du processus de paix » pour Israël.
Mais les réactions israéliennes ne sont, à la surprise de personne, aucunement homogènes.
L’ancien procureur général israélien Michael Ben-Yair a affirmé dimanche sur le média en ligne EUobserver, son soutien à la décision du Parlement européen, blâmant un « régime d’apartheid » dicté par Israël dans les Territoires. « L’occupation israélienne de la Palestine » ne serait « pas seulement moralement injustifiable, mais sape également la sécurité d’Israël et met en danger son existence », n’a-t-il pas hésité à déclarer.
L’ancien chef du Mossad, les services de renseignements israéliens, a déploré dans une colonne du quotidien israélien Haaretz, la montée effrayante de l’antisémitisme et de la haine d’Israël, le glissement du conflit vers une « guerre sainte », mais surtout la perte de l’idéal sioniste, affirmant qu’il craignait pour la « première fois pour l’avenir du sionisme ».
Parallèlement, plus de 700 grandes figures israéliennes – artistes, écrivains, penseurs, anciens militaires et hauts responsables, professeurs et chercheurs – ont signé ce mois-ci une pétition en faveur de la motion européenne.
L’écrasante majorité des Israéliens reste pourtant opposée à un État palestinien. Un sondage réalisé par l’Institut Shvakim Panorama de la recherche auprès d’un échantillon de 500 Juifs israéliens montre que près de 8 Israéliens sur 10 s’opposent à la création d’un État palestinien sur la fameuse base des « frontières de 1967 », à tout retrait de la vallée du Jourdain, ainsi qu’à la division de Jérusalem, capitale « une et indivisible » d’Israël.
Benyamin Netanyahou est aujourd’hui déterminé à faire approuver la « loi visant à renforcer le caractère juif de l’Etat d’Israël, avec ou sans accord ». Une réaction pour le moins tranchée, qui définit Israël non plus par les Lois fondamentales qui servent de Constitution, comme Etat « juif et démocratique », mais comme « l’Etat national du peuple juif ».