L’actrice, célèbre pour son rôle de Mahaut d’Artois dans la série culte de l’ORTF « Les rois maudits », dans les années 1970, est décédée dimanche 23 novembre à Paris, à l’âge de 97 ans.
Née à Bergerac en 1917, Hélène Duc s’est très jeune consacrée au théâtre en intégrant la compagnie théâtrale du Rideau Rouge, à Marseille, fondée et dirigée par André Roussin et Louis Ducreux. C’est Jacques Becker lui fait faire ses premiers pas à l’écran dans Falbalas. Elle enchaîne par la suite les rôles comiques, de la préfète des Grandes Manoeuvres à la secrétaire de Fernandel dans Le Caïd, en passant par celle de Paul Meurisse dans Le Déjeuner sur l’herbe, la milliardaire à gigolos de La Chasse à l’homme. Des rôles grands publics qui ne l’empêchaient pas de continuer à incarner les grands textes de Racine sur les planches.
Durant l’Occupation, elle sauve entre Marseille et Bergerac, des dizaines de Juifs, avec l’aide de sa mère Jeanne, institutrice. Les deux femmes prennent des risques inconsidérés mais Hélène Duc répètera plus tard : « Je ne me sens pas héroïne. Ce que j’ai fait est normal. C’était le fruit de mon éduction ». Pour ces actions elle est reconnue « Juste parmi les nations » en 2005. Parmi les personnes qu’elle sauva, une jeune femme, qu’elle cacha dans un grenier à Paris. Croyant en son talent elle la présenta à quelques amis artistes après-guerre. La jeune chanteuse trouva un nom de scène : Juliette Gréco. Très impliquée dans la vie citoyenne et dans la formation des jeunes générations, forte d’un caractère bien trempé, Hélène Duc continua jusque dans les derniers mois de sa vie à recevoir et à prodiguer ses conseils aux artistes et comédiens qui venaient toujours la solliciter dans son appartement, à deux pas de la place Saint Sulpice. D’une rare générosité, c’est une grande dame qui disparaît, grande dame dont le courage était à la hauteur de sa discrétion.