Un Dieu qui se présente comme un enfant de dix ans affublé d’une théière marocaine. Un pharaon qui mâche du Chewing Gum tout au long du spectacle. Un Moïse qui ressemble à un « Poor Lonesome Cowboy » avec l’accent de Boston. Une superproduction avec effets spéciaux très réussi. Pitom et Raamsès reconstitués comme si vous y étiez. Un Peplum romain. Des chars qu’on dirait surgis du Colisée. Ca et là, quelques chameaux pour faire couleur locale… C’est vraiment faire beaucoup d’honneur à ce Nanar sans intérêt que de le censurer. C’est ce qui vient de se passer au Maroc avec « Exodus : Gods and Kings » de Ridley Scott (le film a pourtant été tourné à Ouarzazate). Le jour même de sa sortie, il a été interdit et retiré des salles. Les distributeurs ont donné l’ordre de déprogrammer le spectacle. Le film est également interdit en Egypte. Et les raisons invoquées ? Il y aurait des « imprécisions religieuses ». Le film remettrait en cause le « miracle » de l’ouverture de la mer puisque la mer n’est pas fendue mais asséchée. Et Moïse n’utilise pas de bâton. Voilà des pays arabes qui se veulent les gardiens sourcilleux de la littéralité de la Bible. On croit rêver !
Personne n’a pris la peine, chez les premiers intéressés, ceux dont la Bible est le Livre, de se joindre à ce chœur de protecteurs de la vertu des textes sacrés ( après Cécil B.de Mille avec Charlton Eston et ses « Dix commandements », que peut-on faire de pire à l’épisode de l’Exode !)
N’empêche ! Censure pour « imprécisions religieuses », on n’avait encore jamais vu ! Et pour faire bonne mesure – il faut bien mettre une pincée de « sionisme » dans cette affaire ! – le Ministre égyptien de la culture vient de se dévouer en proclamant que c’est un film « sioniste ». Allons bon !
Ailleurs, aux Etats-Unis même, sur les réseaux sociaux, le film déchaîne la polémique parce que les rôles de Moïse et du pharaon sont campés par des acteurs blancs alors que les esclaves et les serviteurs au palais sont noirs !
Et voilà comment on transforme un « navet » en un « Must ». Je renvoie à une réaction de Kamel Daoud ( auteur du « Meursaut contre-attaque »), journaliste algérien qui écrit dans un blog : « On aurait pu répondre par le silence, par un autre film, par un sourire ou par un plus grand effort à reconstruire notre pays ! ». L’article porte le titre suivant : « En quoi les musulmans sont-ils utiles à l’humanité ? » et le blog paraît dans « Eddenya ».
SM