La commémoration de l’attentat de Pittsburg  |  Israël terre de tourisme !  |  Le monde change. L’Arche aussi. L’édito de Paule-Henriette Lévy  | 
France

Marchons, marchons !

Marcher pour ne pas oublier. Calmement, sereinement. Une trentaine de journalistes, les familles des victimes de l’hypercacher, soutenus par des millions à travers la France. Des millions qui ont défilé à Paris, et dans toutes les grandes villes de France, pour défendre la liberté d’expression et dire non au terrorisme islamiste. Fallait-il accueillir les dirigeants de tant d’Etats, parmi lesquels certains dont on pourrait discuter les régimes ? Parmi lesquels figuraient aussi sûrement de nombreux manifestants ayant scandé des propos haineux cet été lors d’autres manifs ? Les policiers courageux et les gens faisant leurs courses et tués parce qu’ils étaient juifs, combien se souviendront de leur nom ?
Des familles, des hommes et des femmes, des jeunes défilant en citoyens, dans une manifestation citoyenne qui n’avait rien de politique – la politique, ce sera pour demain ou après-demain – mais qui, sans aucun doute, marquera l’histoire comme une des plus importantes manifestations de l’après-guerre.
Des drapeaux étaient là. Essentiellement français, mais aussi dans le défilé quelques drapeaux benettoniens, du Chili, d’Ecosse, d’Israël, d’Algérie, de Tunisie, d’Irlande… Sans qu’aucun ne soit brandi en signe de provocation ou ne suscite de la haine. Et ce fut émouvant de voir que la plupart des banderoles étaient artisanales, ne portaient pas la marque de tel parti ou tel syndicat. « Je suis Charlie », « Je suis juif », « je suis républicain ».
Comme l’ont chanté ce soir Catherine Ringer et Patrick Bruel en reprenant « Les loups » lors de la soirée des artistes organisée pour Charlie et les autres victimes du terrorisme de cette semaine, les loups sont entrés dans Paris. Mais les lions des grandes places semblent veiller. Et il y a aussi ces actes courageux de ces héros qui face à la mitraille n’avaient pas le temps de se demander de quelle origine, foi ou orientation sont les victimes potentielles. Ces policiers, cet employé de magasin, les cellules de crise, le Samu et d’autres quasi-anonymes qui entretiennent la flamme de l’espoir.
Les prochains jours donneront tort ou raison aux espoirs et inquiétudes, les mêmes qui furent abandonnés sur les routes de Bagneux, Montauban et Toulouse. A voir…