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France

Journée internationale des droits des femmes : rencontre avec Nassrin Abdalla, et Asya Abdellah, deux guerrières Kurdes

Le 11 février dernier, un hommage à la liberté et à toutes les victimes des tueries de janvier, a été rendu devant les bureaux de Charlie Hebdo, à Paris, en présence de membres de l’équipe d’une rédaction meurtrie mais bien vivante, puis devant l’Hyper Cacher de Vincennes par deux femmes exceptionnelles, kurdes et figures de la lutte contre Daech : Nassrin Abdalla, commandante des YPJ (Unités féminines de protection) et Asya Abdellah, co-présidente du PYD (Parti de l’Union Démocratique), en visite éclair dans la capitale parisienne après leur victoire et la libération de la ville de Kobané, au Kurdistan syrien. Un évènement passé quasi inaperçu mais hors-norme.

L’équipe de Charlie est émue : ces condoléances discrètes mais extraordinairement symboliques résonnent intensément, à la hauteur des épreuves vécues par les protagonistes de l’évènement.“ Si nous avions pu rentrer dans le bureau de notre directeur Charb, vous auriez pu voir un drapeau kurde accroché derrière son bureau”, leur a confié Zineb El Rhazoui, journaliste à Charlie Hebdo. Le 7 janvier, elle était en reportage au Maroc. Elle est aujourd’hui menacée de mort par des dizaines de profils jihadistes sur les réseaux sociaux se réclamant de l’Etat Islamique. “On se sentait proche du combat du peuple kurde à Charlie, on le soutenait », ajoute-elle.

Nassrin Abdalla et Asya Abdella ont été reçues par Francois Hollande, dans le cadre de cette visite officielle. Elle sont venues chercher du soutien politique et militaire.

Nassrin en appelle à la solidarité de l’occident. La guerre n’est pas finie pour elles : si Kobané a été libérée, les violents combats se poursuivent dans la région.

Asya Abdellah condamne les massacres et invoque la mémoire des victimes : « Nous menons un combat à contre des agresseurs qui sont les mêmes que ceux qui ont tué ici.  Ce qui anime ces terroristes va à l’encontre de l’humanité. »

Nassrin Abdalla, 36 ans, poursuit, impressionnante dans son uniforme kaki de comandante au sein de la principale force armée des Kurdes de Syrie, car c’est bien elle qui a dirigé les opérations dans la bataille pour Kobané : “ Quand le massacre s’est produit ici, nous étions au combat. Lorsque nous avons entendu cette malheureuse nouvelle, cela nous a énormément touchées. Nous avons les mêmes ennemis et éprouvons les mêmes douleurs. Nous somme venues vous dire que la lutte qui a été menée à Kobané a été remportée. Nous connaissons les mêmes souffrances que vous. Nous nous battons contre les mêmes terroristes. “

Ces deux femmes plaident pour le renforcement d’une coopération et d’une solidarité  internationale contre Daech : “ Nous n’avons pas d’autre choix que de mener la lutte ensemble contre ces idées et ces actes fascistes partout dans le monde. Nous sommes venues marquer symboliquement cela, en ce jour “.

Patrick Pelloux, qui assiste à cet hommage est boulversé, lui aussi : “Il y a un nouveau fascisme qui sévit et qui a tué nos amis. On ne sait pas trop comment vous aider mais on est là. Vous êtes venues et j’espère que nous pourrons venir vous voir à Kobané. Nous sommes tous unis, y compris au Mali, partout.”

Devant l’Hyper Cacher, Nassrin ajoutera, solennelle : “ Tant qu’il y aura du terrorisme, il y aura des malheurs et des douleurs tels que ceux-là. L’essentiel est d’être solidaire pour combattre ces groupes qui commettent ces actes de barbarie. Les peuples se comprennent et nous croyons que la France, en tant qu’autorité et peuple, ressent nos souffrances.”

Elle confirme en souriant que les jihadistes redoutent particulièrement d’affronter les unités féminines : “En tant que femme nous nous battons contre les terroristes mais ce combat est aussi celui pour les droits des femmes. Daech hait les femmes. Elles doivent se défendre. Nous devons faire entendre notre corps d’armée. Nous protégeons notre identité, nos valeurs mais ce combat contre le terrorisme doit être universel. Et, oui, Daech a peur des femmes, sinon la victoire n’aurait pas été remportée, non ? C’est la première fois qu’en face d’un groupe terroriste, un corps d’armée de femmes lutte contre eux. Ils les méprisent d’ailleurs et pensent que si un membre de Daech est tué par l’une d’entre elles, il sera privé de son paradis imaginaire. Une lutte héroïque a été menée par les Kurdes, et nous dédions la victoire de Kobané à toutes les femmes du monde.”

Aline Le Bail-Kremer

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