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Une « agence pour la modernisation de l’Ukraine », au chevet d’un pays dévasté.

Un hommage à George, une urgence Marshall, c’est en présence de moults personnalités européennes polonaises, anglaises, allemandes, tchèques, autrichiennes et françaises qu’un véritable plan s’est esquissé à Vienne le 3 mars dernier. Sur une idée originale de Bernard-Henri Lévy, reprise au bond par la société civile ukrainienne, le lancement en plusieurs actes de cette initiative promet de rendre dans 200 jours un livre blanc de propositions de réformes fondamentales pour extirper l’Ukraine du marasme dans lequel celle-ci est plongée.

Fiscalité, corruption, santé, justice, réformes constitutionnelles et sociales, politique, économiques, traités avec l’Union Européenne, l’agence pour la modernisation de l’Ukraine, emmenée par La fédération des Employeurs Ukrainiens et les unions syndicales locales, a pour objectif d’institutionnaliser les réformes proposées dans le cadre de ce plan Marshall et d’attirer les investisseurs : en effet, les besoins en capitaux sont estimés à 300 milliards d’euros.

Des experts européens travailleront dans le cadre de ce challenge historique, notamment Wlodizimierz Cimoszewic, ancien premier Ministre polonais, Peer Steinbruck, ex ministre des Finances allemand, Leonid Kravchuk, ancien président ukrainien, Peter Benjamin Mandelson, ancien membre du Parlement britannique ou encore F.W de Klerk, l’ancien président sud-africain et prix Nobel de la paix (reçu conjointement avec Nelson Mandela en 1993),  à l’expérience certaine en matière de “Nation Building”.

Pour ce dernier, la réussite de ce projet de société est un enjeu stratégique majeur, quasi militaire d’une certaine façon : “ La vie doit être meilleure qu’en Russie. Si l’Ukraine arrive à fonctionner comme un état indépendant, sans être sous l’influence ni de l’UE et ni de son voisin russe, si les bonnes décisions politiques sont prises, si des normes positives sont créées, si une société meilleure voit le jour, il n’y aura plus de problèmes avec les séparatistes. Tout le monde voudra partager le succès de l’Ukraine.” Pour Wlodizmierz Cimoszewic, la situation est comparable à celle de la Pologne dans les années 90 : “Nous n’avions à l’époque pas d’autres choix que de sauter en eaux profondes et d’apprendre à nager. En ce qui concerne l’Ukraine, l’Union Européenne a perdu trop de temps. Il faut redonner de l’espoir à la population.”

Côté français, Bernard Kouchner et Laurence Parisot se sont également engagés dans cette aventure. Pour cette dernière, “lorsque l’on est un vrai européen, souhaitant la stabilité dans la région,  il est clair que l’Ukraine est pays clé. Elle regorge de talents, de ressources humaines, il est dommage que toutes ces personnes n’expriment pas leur potentialité. L’une des clés de la réussite de ce programme selon elle “sera d’agir de façon indépendante”.

Quant à Bernard Kouchner, il endosse la responsabilité de travailler sur la création d’un nouveau système de santé accessible à tous :“C’est un rêve fantastique que de faire partie de ce projet (..) afin que chacun puisse recevoir le même niveau de soins. Riches ou pauvres. Nous aurons à faire face à de nombreuses critiques et ennemis mais nous  essaierons de le faire. Les services de santé doivent s’améliorer, cela va prendre du temps, mais c’est une question de vie ou de mort.”.

Pour Bernard-Henri Lévy, soulignant à l’attention de ceux qui vont s’atteler à ce programme ambitieux,  “si les recommandations d’abord, puis, deux cents jours plus tard, ce Plan Marshall dont j’ai rêvé voient effectivement le jour, c’est toute l’histoire de cette région qui en sera bouleversée. Et vous aurez écrit une nouvelle page de l’histoire, non seulement de l’Ukraine, mais de l’Europe. Les promoteurs du Plan Marshall proprement dit, celui de 1945, furent, en fin de compte, parmi les meilleurs et plus efficaces pionniers de l’Europe. J’ai toujours eu la théorie, oui, que le Général George Marshall, inventeur, donc, du Plan du même nom, mérite, quoiqu’Américain, et par une de ces ruses dont l’Histoire a le secret, d’entrer, aux côtés de Konrad Adenauer, de Robert Schumann ou de Jean Monnet, au Panthéon des pères fondateurs de l’Europe. Si, dans deux cents jours, vos suggestions et propositions sont assez fortes pour convaincre le monde d’investir massivement dans la naissance de la nouvelle Ukraine, vous serez celles et ceux qui auront contribué à faire de l’Ukraine une nouvelle Allemagne de l’Est, une nouvelle Pologne ou une nouvelle Tchéquie – vous serez celles et ceux qui auront entendu l’appel d’un peuple frère et qui lui auront ouvert les portes de l’Europe.”

Aline Le Bail-Kremer